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La marque automobile italienne Lancia, l'une des belles endormies de Stellantis, a présenté samedi un concept car qui devrait servir de tremplin pour se relancer en Europe et lui permettre de renouer avec sa splendeur d'antan.
Dévoilée en marge de la semaine du design de Milan, cette compacte sportive préfigure les trois futurs modèles, tous électriques, qui seront mis sur le marché d'ici à 2028 par ce constructeur fondé en 1906 à Turin par l'entrepreneur et pilote Vincenzo Lancia.
"Ce sera un grand défi de relancer la marque" sur un segment haut de gamme en Italie et ailleurs en Europe, "mais nous sommes confiants car il y a beaucoup de passionnés de Lancia dans le monde, dont des jeunes", a déclaré à l'AFP son directeur Luca Napolitano.
Lancia ne vend actuellement qu'un modèle, sa petite Ypsilon fabriquée en Pologne, et seulement en Italie, où elle s'est hissée en 2022 au deuxième rang des ventes en détrônant la Fiat 500, avec 40.991 unités écoulées.
Passée en 1969 sous le contrôle de Fiat, Lancia avait vu ses ventes s'effondrer dans les années 1990.
Clin d'oeil au prestigieux passé de Lancia, le concept car rappelle les formes arrondies de la légendaire berline Aurelia des années 50 et le vert bleuté de la luxueuse Flaminia des années 60, revisitées dans un style résolument plus moderne et plus simple.
Lancia joue aussi sur la fibre nostalgique en s'inspirant de sa sportive Stratos, la reine des rallyes dans les années 1970, en reprenant ses emblématiques feux arrière ronds.
La lunette arrière du concept car renvoie à la Lancia des années 70, le coupé Beta HPE, avec ses stores vénitiens et ses lignes simples. Un toit circulaire offre une vue panoramique.
- Conquérir l'Europe -
Une toute nouvelle Ypsilon haut de gamme arrivera sur le marché en 2024, d'une longueur d'environ quatre mètres, en versions hybride et électrique, plus grande et moderne que la citadine actuelle surtout prisée des femmes.
Outre l'Italie, elle sera commercialisée, à partir de l'été 2024, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Espagne et au Portugal.
Un "navire amiral" suivra en 2026 en version 100% électrique. Baptisé Gamma, ce crossover à mi-chemin entre berline et SUV, doté d'une silhouette fluide, sera le modèle phare de la gamme, avec une autonomie de plus de 700 km et rechargeable en moins de dix minutes.
Une autre voiture électrique, une compacte sportive appelée "Delta" comme son illustre ancêtre des années 1980, est prévue pour 2028.
De nombreux fans de Lancia dans le monde craignaient sa disparition après la fusion en 2021 entre sa maison mère Fiat-Chrysler et Peugeot-Citroën, qui a donné naissance au groupe Stellantis.
Mais son patron, Carlos Tavares, a décidé de ressusciter la petite marque au sein du segment premium, aux côtés d'Alfa Romeo et DS. Le chef du design de Stellantis pour l'Europe, Jean-Pierre Ploué, a été dépêché à Turin.
"Je ne suis que le chef d'orchestre. La Lancia, c'est à 100% du design italien, réalisé par des équipes italiennes", explique à l'AFP ce designer français.
- Concurrence allemande -
Une première tentative de relance avait échoué dans les années 2010, après la fusion entre Fiat et l'américain Chrysler qui avait vu Lancia apposer son label sur des modèles inspirés de la marque américaine.
Dans la foulée, Lancia a dû se retirer progressivement de ses marchés européens entre 2014 et 2017. Et un retour semble semé d'embûches.
"La concurrence est très forte puisque Mercedes, Audi et BMW dominent le segment premium en Europe avec une part de marché d'environ 70%", commente à l'AFP Felipe Munoz, analyste du cabinet Jato Dynamics.
"Lorsque vous quittez le marché européen, il est très difficile de regagner la confiance des clients, particulièrement dans le haut de gamme", prévient-il.
Mais Lancia promet des émotions pures à ses passionnés.
Voiture fétiche de Marcello Mastroianni, la Lancia symbolise "la Dolce Vita, l'art, la culture, le cinéma, le design, les domaines d'excellence de l'Italie", fait valoir M. Napolitano.