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Bloquant les trams à Zurich ou illuminant la cathédrale de Lausanne en violet, de très nombreuses femmes - plus de 300.000 selon les syndicats - se sont mobilisées mercredi en Suisse pour célébrer la journée nationale de grève féministe.
Cette journée s'est achevée par des défilés dans plusieurs grandes et petites villes, sous le soleil, au son des tambours, des slogans et des chants, avec pour mot d'ordre cette année: "Du respect, du temps, de l'argent !"
Dans tout le pays, où les manifestations ne sont guère fréquentes, "plus de 300.000 personnes ont participé à la journée de grève féministe", a indiqué en fin de journée l'Union syndicale suisse (USS), qui compte vingt syndicats affiliés.
"Pour l'USS, il est clair que cette journée doit être rapidement suivie d'actions concrètes, en particulier en ce qui concerne les salaires", a ajouté la plus grande organisation de salariés du pays, qui appelle également à combattre le sexisme, en particulier sur le lieu de travail.
Ressuscitée en 2019 par une nouvelle génération de militantes après une première édition restée sans suite en 1991, cette journée de mobilisation incite notamment les femmes à quitter le travail plus tôt pour protester contre les inégalités salariales persistantes mais aussi pour dénoncer les discriminations, le harcèlement et les violences sexistes.
La journée commémore l'adoption du principe d'égalité entre les femmes et les hommes dans la Constitution, le 14 juin 1981, dans un pays où le droit de vote des femmes n'a été adopté qu'en 1971.
"Mon utérus, mon choix", "Les hommes de qualité s'engagent pour l'égalité" ou "L'égalité des droits pour les autres ne signifie pas moins de droits pour vous", avaient ainsi inscrit des manifestantes sur leurs pancartes.
A Zurich, où des dizaines de milliers de manifestantes ont défilé selon les médias, la grève a entraîné la levée de la séance du parlement municipal en signe de solidarité avec les manifestantes.
Selon l'agence de presse suisse Keystone-ATS, près de 300 personnes ont bloqué le trafic des trams sur une place de la ville avant d'être dispersées par la police.
- Devant le Palais fédéral -
Concerts de casseroles, rassemblements dans les squares et pique-niques en musique ont rythmé la journée, dans les grandes villes mais également dans de plus petites localités.
Des dizaines de milliers de femmes de toutes les générations, vêtues de rose, violet ou mauve, ont manifesté à Lausanne, Genève ou Berne, dans une ambiance joyeuse et combative.
Dans la capitale, elles ont organisé une assemblée sur la place située devant le Palais fédéral, qui est à la fois le siège du parlement et du gouvernement. "Nous jurons de lutter pour l'égalité de toutes les personnes dans ce pays jusqu'à ce qu'elle soit atteinte !", ont-elle lancé, le poing levé.
Pour l'USS, "la forte mobilisation d'aujourd'hui montre que l'égalité des femmes dans la vie professionnelle et dans la société doit maintenant vraiment aller de l'avant, et elle le fera".
L'idée de refaire grève est née il y a quelques années sous l'impulsion des syndicats, ces derniers n'étant pas parvenus à introduire, au moment de la révision de la loi sur l'égalité entre femmes et hommes en 2018, le principe de sanctions contre les entreprises violant l'égalité salariale.
En Suisse, la reconnaissance des droits des femmes est un long chemin.
Ces dernières années, des avancées ont été obtenues, comme la dépénalisation de l'avortement en 2002 et un congé maternité de 14 semaines en 2005.
En 2021, le congé paternité de deux semaines est entré en vigueur mais les places en crèche, limitées et coûteuses, sont un handicap majeur pour l'activité professionnelle des femmes.