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L'Union européenne (UE) a interdit les exportations de nombreux produits vers la Russie depuis le début du conflit en Ukraine et les États membres ont alors intensifié leurs relations commerciales avec les pays voisins comme le Kirghizistan, l'Arménie et l'Ouzbékistan, analyse vendredi l'économiste Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, Paris et Lille. Cette situation entraîne cependant une présomption de contournement des sanctions car ces pays continuent à commercer librement avec la Russie.
Selon les données compilées par l'économiste, les exportations de biens de l'UE vers la Russie ont diminué de 34 milliards d'euros entre 2021 et 2022 (-38%) en raison des sanctions décidées après l'invasion de l'Ukraine. Mais dans le même temps, les transactions commerciales ont fortement augmenté avec des pays qui continuent à commercer librement avec l'État russe: +345% des exportations de biens vers le Kirghizistan (hausse de 909 millions d'euros), +165% vers l'Arménie (1,1 milliard d'euros), +130% vers l'Ouzbékistan (1,5 milliard d'euros), +94% vers le Kazakhstan (4,9 milliards d'euros), +58% vers la Géorgie (1,2 milliard d'euros) et +23% vers la Turquie (20,5 milliards d'euros).
Cette tendance s'est même intensifiée au début de l'année 2023.
"Il y a donc de fortes présomptions que des biens achetés par ces pays à l'Union européenne soient réexportés ensuite par eux vers la Russie", analyse Eric Dor. Ces présomptions sont d'ailleurs renforcées par la forte augmentation des exportations de ces pays vers la Russie: en euros, elles ont progressé de 222% pour l'Arménie, de 82% pour la Turquie ou encore de 12% pour la Géorgie entre 2021 et 2022.
Le risque de contournement des sanctions contre la Russie est par ailleurs très grand pour les biens qui peuvent avoir un usage militaire, ajoute l'économiste.