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Londres adopte une loi contre l'immigration illégale restreignant drastiquement l'asile

Le Parlement britannique a adopté mardi une loi controversée contre l'immigration illégale, qui restreint drastiquement le droit d'asile, au point d'être, critique l'ONU, en contradiction avec le droit international sur les réfugiés.

Cette victoire politique pour le Premier ministre conservateur Rishi Sunak intervient au moment où une autre mesure disputée va entrer en vigueur avec la mise en place sur les côtes anglaises d'une barge pour héberger les migrants, dénoncée comme un "bateau prison".

Mais le gouvernement a érigé en priorité la lutte contre l'immigration illégale et a promis de "stopper" les arrivées par la Manche de migrants à bord de petites embarcations, en forte augmentation ces dernières années malgré les promesses de l'époque du Brexit.

En vertu de la nouvelle loi, les migrants arrivés de manière illégale sur le territoire britannique ne pourront plus demander l'asile dans le pays. Le gouvernement veut aussi que les migrants, après avoir été placés en détention, soient rapidement expulsés, soit vers leur pays d'origine, soit vers un pays tiers tel que le Rwanda, d'où qu'ils viennent.

Très critiqué jusque dans la majorité, le projet de loi est resté bloqué des semaines au Parlement, la Chambre des Lords ayant réclamé de nombreux amendements, notamment des limites à la détention des enfants et des protections contre l'esclavage moderne.

Le texte a été finalement adopté dans la nuit de lundi à mardi et doit désormais simplement être promulgué par le roi Charles III, une formalité.

L'ONU a vivement condamné la loi, disant qu'elle est "en contradiction" avec les obligations du Royaume-Uni au regard du droit international sur les droits humains et les réfugiés.

Les migrants n'auront "aucune garantie de pouvoir bénéficier d'une protection dans le pays" où ils seront expulsés, dénonce l'ONU.

- "Jour sombre" -

En 2022, plus de 45.000 migrants ont traversé la Manche, surtout depuis la France, à bord de petites embarcations, un record. Ils sont plus de 13.000 à avoir fait la traversée depuis le début de l'année. Au premier trimestre, il s'agissait principalement d'Afghans.

Le gouvernement accuse les migrants venant illégalement de "sauter la file d'attente" au détriment de ceux qui arrivent par des "voies sûres" ou légales.

Mais "la plupart des personnes fuyant la guerre ou la persécution n'ont pas accès à des documents comme les passeports ou les visas", répond l'ONU.

Pour l'ONG britannique Refugee Council, "c'est un jour sombre" pour la réputation du Royaume-Uni.

"Un gouvernement est en difficulté et essaye la vieille méthode qui consiste (...) à accuser les migrants de ses propres défaillances", a déploré Michael Rosen, un militants des droits des réfugiés qui manifestait avec des dizaines d'autres mardi devant le Parlement.

Londres a aussi passé un accord l'an dernier avec le Rwanda pour y envoyer des migrants en situation illégale, mais aucune expulsion n'a encore eu lieu.

Un premier vol prévu en juin 2022 avait été annulé après une décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).

Fin juin, la justice a déclaré illégal ce projet, mais le gouvernement a immédiatement annoncé un recours.

"Je ne vois pas comment" la loi va permettre d'arrêter les embarcations des migrants, a critiqué le chef spirituel de l'Église anglicane, l'archevêque de Canterbury Justin Welby. "Je n'ai rien entendu qui m'ait convaincu."

Pour muscler sa lutte contre l'immigration illégale, Londres a également signé un accord en mars avec Paris prévoyant un financement britannique afin d'appuyer les efforts de la France pour empêcher les départs vers l'Angleterre.

Par ailleurs, environ 500 demandeurs d'asile vont être hébergés sur une barge à quai dans un port anglais, afin de réduire les coûts des hébergements en hôtel.

La barge, nommée "Bibby Stockholm", est arrivée mardi matin dans le port de Portland, dans le sud de l'Angleterre. Le projet a été vivement critiqué par des ONG, qui qualifient la barge de "bateau prison".

"Environ 50 demandeurs d'asiles" y seront envoyés dès le semaine prochaine, selon le ministère de l'Intérieur. "Le site est conçu pour être autosuffisant afin de minimiser l'impact sur la communauté locale", a-t-il ajouté alors que des riverains protestaient lundi contre le projet.

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