Partager:
Le géant aérien allemand Lufthansa a renoué avec les bénéfices en 2022, porté par une forte reprise des vols après deux années plombées par les répercussions de la pandémie de Covid-19.
Le bénéfice net, également soutenu par les résultats records dans le fret et la maintenance, est ressorti à 791 millions d'euros l'an dernier, contre une perte de 2,19 milliards d'euros un an plus tôt, selon un communiqué.
Son indicateur clé, le résultat d'exploitation ajusté, atteint 1,51 milliard d'euros, en ligne avec sa dernière prévision connue, en attendant une "amélioration significative" en 2023.
Le résultat net l'an dernier est sensiblement identique aux 728 millions affichés par le concurrent Air France-KLM, aussi largement revenu dans le vert après les répercussions du Covid, tout comme l'autre rival britannique IAG, maison mère des compagnies British Airways et Iberia.
Les ventes totales ont elles quasiment doublé sur un an, à 32,8 milliards d'euros.
"Lufthansa est de retour", avec un "redressement financier sans précédent" opéré en un an, s'est félicité Carsten Spohr, PDG de l'entreprise, dont le mandat a été prolongé jeudi de 5 ans pour le laisser aux commandes jusqu'en 2028.
L'Etat allemand entré à hauteur de 20% en 2020 dans le capital du groupe lors d'un plan de sauvetage de 9 milliards d'euros face à la crise sanitaire a revendu toutes ses parts en septembre.
- Inflation -
La performance de l'an dernier a été obtenue malgré "l'inflation des charges", selon le communiqué, avec l'augmentation du coût du kérosène depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.
La reprise des vols ne s'est pas non plus faite sans accrocs: des goulots d'étranglement mondiaux dans l'industrie du transport aérien l'été dernier ont conduit à l'annulation de milliers de vols et nombre de voyageurs se sont plaints chez Lufthansa de retards ou de valises perdues.
Le groupe chiffre à 555 millions d'euros les surcoûts liés à ces déconvenues, comprenant aussi des journées de grève chez les personnels, pour de meilleurs salaires, et dans les aéroports.
Si le groupe affiche néanmoins un confortable bénéfice, il le doit aux performances opérationnelles records de ses filiales Lufthansa Cargo (1,6 milliard d'euros) dans le fret et Lufthansa Technik (511 millions d'euros) dans l'entretien des avions.
L'activité passagers du premier groupe aérien européen - qui compte à côté de Lufthansa les compagnies aériennes Austrian, Swiss, Eurowings et Brussels Airlines - a dégagé une perte opérationnelle ajustée de 300 millions d'euros, le solde positif de 900 millions sur la seconde partie de l'année ne compensant pas un premier semestre très négatif.
En tout, 102 millions de passagers ont emprunté ces compagnies l'an dernier, plus du double de 2021, mais encore bien en deçà du record de 145 millions de passagers datant d'avant le Covid, en 2019.
Les recettes de la branche passagers ont ainsi plus que doublé, à 22,8 milliards d'euros, avec des recettes par siège en hausse de 148% sur un an dans un contexte de hausse des prix des billets.
- Forte demande -
Le groupe s'attend pour 2023 à une "forte demande continue" de voyages, surtout dans le tourisme et notamment à l'avant des appareils dans les classes "premium".
Si la capacité totale des sièges de la flotte a représenté 72% du niveau d'avant crise en 2022, elle doit être portée à 75% au premier trimestre de 2023 et atteindre entre 85 et 90% sur l'année en cours.
Lufthansa vise toujours une marge opérationnelle ajustée d'au moins 8% en 2024, après 4,6% l'an dernier et un mieux attendu cette année.
La compagnie au logo dessinant une grue est sur le point d'élargir son périmètre. En janvier, Lufthansa a déposé une offre pour acquérir dans un premier temps une part minoritaire de la compagnie publique italienne ITA Airways, se réservant l'option de monter au capital par la suite.
Cette transaction fait l'objet de "négociations avec le ministère italien de l'Économie et des Finances", commente le groupe, sans plus de précision sur le calendrier ou les montants en jeu.