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Mailles de grand-mère, adolescence rebelle, sorcières modernes: la Fashion week londonienne joue des codes du passé

De la douceur nostalgique, des mini-jupes d'écolière, des créatures corsetées de latex: les styles s'entrechoquent au troisième jour de la plus iconoclaste des Fashion Week, à Londres, où sont présentées les collections automne-hiver.

- Tendres mailles -

L'une des têtes d'affiche de cette semaine de la mode londonienne, le label JW Anderson, présentait des tenues semblant tirées du décor d'une chambre de grand-mère, faites de maille douce et fluide, complétées par des perruques grises bouclées portées par certains mannequins, qui défilaient dans l'immense gymnase du Seymour Leisure Centre.

Aux pulls en crochet surdimensionnés, crème ou anthracite, ont succédé des robes faites d'étoffes transparentes rappelant des draps entortillés, ou attachées par des cordons de rideaux, dont les pampilles tombaient sur les poitrines.

Le protégé du groupe LVMH Jonathan Anderson, également directeur artistique pour la maison espagnole Loewe, présentait cette saison devant un parterre de célébrités, dont les comédiens Asa Butterfield et Ashley Park, respectivement connus pour leurs rôles dans les séries à succès Sex Education et Emily in Paris, ou encore l'icône de la mode Alexa Chung.

Plus tôt dans la journée, la créatrice Emilia Wickstead, dont les robes habillent la Princesse de Galles Kate Middleton, avait ouvert le bal avec un show mêlant tenues de soirées scintillantes et tailleurs formels.

- Modernes reliques -

Le styliste Eudon Choi s'est lui inspiré d'une fresque patinée par le temps sur l'un des murs de la cité antique de Pompéi, presque réduite en cendres par l'éruption du Vésuve.

Semblables à des reliques du temps passé, les mannequins défilaient sur la musique d'un piano à queue installé au milieu d'une salle du Centre Hellénique de Londres.

Le créateur, né en Corée et formé à Londres, a pourtant su insuffler de la modernité dans les dos nus et épaules asymétriques, jupes transparentes piquetées d'ornements argentés, cagoules d'aviateur et robes de maille fluide, de soie et de velours, dans les tons de la cité antique: anis, vieux rose, blanc cassé ou cobalt.

-Nostalgique gâchis-

Le créateur d'origine américaine Conner Ives, diplômé de la prestigieuse école de mode Central Saint Martins à Londres, veut dénoncer le gâchis matériel du monde moderne.

Jerseys sportifs noués sur les épaules, imprimés de motifs de grosses fleurs dans le style des années 2000, paréos et bandanas très "sixties", paradent sous les moulures du grandiose hôtel Savoy.

En mettant en avant une mariée brandissant des écouteurs filaires, le designer veut interroger "les objets sans but", produits et jetés au fil des besoins et des envies "de notre société capitaliste", détaille-t-il dans les notes accompagnant sa collection.

-Subversive adolescence-

Les cartons destinés aux invités copiant l'interface de MSN donnaient le ton: dans l'un des clubs gay les plus mythiques de Londres, le Heaven, Sinead Gorey a elle présenté une collection inspirée de l'expérience adolescente britannique dans les années 2000.

"A l'époque, les tartans des jupes différaient selon les écoles", se rappelle avec délice la créatrice dans un mot d'introduction distribué au public.

Sur fond de musique techno, de bruits de cour de récréation et de sonnerie de téléphone Nokia, les motifs tartan vert, orange et mauve et du drapeau britannique se déclinent en mini-jupes et en voilages, les Walkmans se scotchent à la tempe des mannequins, et les cravates rayées deviennent des tailleurs; jusqu'à ce que la drag queen Bimini Bon Boulash clôture le défilé sous des applaudissements nourris.

- Envoûtantes créatures -

La très attendue designer turco-britannique Dilara Findikoglu a conclu ce weekend par une procession séditieuse célébrant les corps féminins, dans l'ambiance gothique de l'église des jardins de Mark Street.

Dans un univers de latex rouge et noir, de corsets lacés et de cuir armaturé, d'intimidantes créatures déambulent, juchées sur des escarpins métalliques, sur une musique techno hypnotisante.

"Ce sont mes femmes-socières", a déclaré à l'AFP Dilara quelques minutes après son show. Elle dit avoir imaginé un "ordre nouveau", un monde "où il n'y a ni frontières, ni genre, ni temps: rien".

Pourtant prisée d'icônes comme Lady Gaga, Margot Robbie et Madonna, la créatrice n'avait pas défilé à la semaine de la mode londonienne de septembre dernier, expliquant dans un entretien au New York Times ne tout simplement pas avoir les fonds nécessaires.

Initialement prévu en clôture, le défilé de KWK by KAY KWOK a lui été annulé "en raison d'un incident dans l'usine en Chine où sont produites les pièces clés du défilé de la collection", qui a détruit "une grande partie de la collection", a expliqué un représentant de la marque à l'AFP.

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