Partager:
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a exhorté, avec un succès mitigé, les syndicats de la fonction publique à mettre fin aux grèves et à accepter l'ultime offre d'augmentation du gouvernement, au premier jour d'une grève d'une durée inédite chez les médecins.
Après avoir annoncé que le gouvernement acceptait les recommandations des organismes indépendants sur les salaires des fonctionnaires, le dirigeant conservateur a souligné que les propositions d'augmentations, de 5 à 7% selon les secteurs, étaient les dernières.
"Il n'y aura plus d'autres discussions salariales", a lancé Rishi Sunak. "Nous ne négocierons pas de nouveau" et "aucune grève ne changera notre décision", a-t-il averti lors d'une conférence de presse.
Les augmentations annoncées sont notamment de 6,5% pour les enseignants — qui ont annoncé la suspension de leur mouvement — 7% pour la police, 6% pour certains médecins hospitaliers et 5% pour les militaires.
Les syndicats d'enseignants ont annoncé qu'ils suspendaient leurs grèves à venir. M. Sunak a en revanche échoué à convaincre dans le secteur de la santé.
Pour financer ces augmentations, Rishi Sunak a exclu d'emprunter ou augmenter les impôts et évoqué des "repriorisations", suscitant des craintes de coupes dans les dépenses publiques.
Il a notamment annoncé l'augmentation du coût des visas et du montant payé par les immigrés pour accéder au système public de santé, pour engranger un milliard de livres sterling (1,17 milliard d'euros).
En réponse, une organisation d'aide aux migrants, Praxis, a accusé le gouvernement de traiter ceux qui ne sont pas nés au Royaume-Uni comme des "vaches à lait".
Le Royaume-Uni, qui compte 5,8 millions de fonctionnaires, a vu se multiplier ces derniers mois les grèves dans le privé comme dans le public en raison de revendications salariales face à l'inflation. Celle-ci s'élevait en mai à 8,7% sur un an, un record parmi les pays du G7.
- Droit de grève "affaibli" -
Les "junior doctors", qui représentent environ la moitié des médecins hospitaliers, allant de jeunes médecins sortant juste de l'université à des praticiens ayant plus de huit ans d'expérience, ont commencé en Angleterre une nouvelle grève à 07H00 (06H00 GMT) jeudi, jusqu'à mardi.
Il s'agit de leur plus longue grève en continu dans l'histoire du NHS, le service public de santé britannique, qui a fêté récemment ses 75 ans, selon le syndicat BMA (British Medical Association).
Les "consultants", médecins plus qualifiés, ont eux déposé un préavis de grève pour les 20 et 21 juillet.
La proposition de 6%, qui correspondent selon la BMA à une baisse de salaire en termes réels, est "exactement ce pourquoi tant de médecins ont le sentiment qu'ils n'ont d'autre choix" que la grève, a répondu Phil Banfield, l'un des responsables du syndicat, déplorant une "occasion manquée".
Le NHS, auquel les Britanniques sont très attachés, traverse une profonde crise, affaibli par les politiques d'austérité et les conséquences de la pandémie.
Selon les chiffres de la BMA, quelque 7,42 millions de personnes étaient en attente de traitement en Angleterre en avril, avec un peu plus de 3 millions de patients qui attendent depuis plus de 18 mois.
- "Dernière chance" -
"Le NHS a fonctionné grâce à la bonne volonté (de son personnel) et c'est maintenant la dernière chance de changer cela", jugeait Arjan Singh, médecin de 27 ans, participant à un piquet de grève jeudi matin à Londres devant le University College Hospital.
Alors que des milliers de postes sont déjà vacants au sein du NHS, certains de ses collègues envisagent de partir à l'étranger, a-t-il ajouté.
La BMA affirme que les "junior doctors" ont perdu 26% de rémunération en termes réels depuis 2008, quand une cure d'austérité a été imposée aux services de santé.
Dans un communiqué publié juste avant le début de cette grève, le ministre de la Santé Steve Barclay a jugé "déraisonnable" l'augmentation de 35% posée comme position de départ par le syndicat.
Par ailleurs, les syndicats ont remporté jeudi une victoire judiciaire, après avoir contesté une loi autorisant le recours à des intérimaires pour remplacer des salariés grévistes. La Haute Cour de Londres a donné raison à plus de dix syndicats qui estimaient que cette loi "affaiblissait le droit de grève".