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Un an après avoir exclu la Russie de leurs rangs, les dirigeants des 46 pays du Conseil de l'Europe ont lancé mardi un "registre des dommages" causés par l'invasion de l'Ukraine, le Royaume-Uni et les Pays-Bas prenant les devants d'une coalition internationale visant à donner des avions de combat F-16 à Kiev.
Réunis en sommet à Reykjavik, le chancelier allemand Olaf Scholz, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, son homologue italienne Giorgia Meloni et des dizaines d'autres dirigeants européens ont affiché leur unité pour soutenir l'Ukraine au moment où Kiev prépare une contre-offensive très attendue.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui est intervenu par vidéoconférence, a appelé le Conseil de l'Europe à garder son "unité" pour préserver "la liberté".
A l'approche d'un G7 au Japon vendredi, il a de nouveau réclamé des avions de combat aux Occidentaux.
Sans eux, "aucune défense aérienne ne sera parfaite", a-t-il dit, réaffirmant que Kiev avait abattu "tous" les missiles russes qui ont notamment visé la nuit dernière la capitale ukrainienne, contrairement aux dires de Moscou.
Après l'annonce de formation de pilotes d'avions de chasse par Londres et Paris, le Premier ministre britannique Rishi Sunak et son homologue néerlandais Mark Rutte ont annoncé vouloir bâtir une "coalition internationale" pour aider l'Ukraine à obtenir des avions de combat américains F-16.
Les deux hommes "sont convenus qu'ils allaient travailler ensemble pour bâtir une coalition internationale pour fournir à l'Ukraine des capacités aériennes de combat (...), allant de la formation à la livraison d'avions F16", a indiqué Downing Street.
Le sommet en Islande, le quatrième seulement du Conseil de l'Europe en près de 75 ans d'existence, visait principalement à multiplier les moyens de rendre la Russie pénalement responsable des destructions et des crimes en Ukraine, avec la perspective plus compliquée d'un éventuel tribunal international.
Pays sans armée, l'Islande - qui assure la présidence du Conseil de l'Europe - voulait donner des armes juridiques à l'Ukraine faute de pouvoir lui donner des armes militaires.
"C'est véritablement une mobilisation juridique qui nous permet d'avancer en matière de droits et de lutte contre l'impunité", a salué Emmanuel Macron en arrivant au sommet de 24 heures, sous le crachin islandais.
- Lézardes -
Le président a également proposé la construction d'une centaine de centres de santé mentale en Ukraine, financée par l'argent d'une banque du Conseil de l'Europe dotée de plus d'un milliard d'euros selon l'Elysée.
Pour Olaf Scholz, la création du registre des dommages de guerre par les pays européens jouera "un rôle central" pour "punir et demander des comptes pour les crimes de guerre commis par les occupants russes" et "les énormes dégâts que la Russie inflige à l'Ukraine jour après jour".
L'Europe cherche à montrer qu'elle est unie pour rester aux côtés de Kiev --quelle que soit l'issue de la contre-offensive ukrainienne en préparation, qui s'annonce difficile face aux positions russes fortifiées.
Kiev s'inquiète de se retrouver poussé par ses alliés à négocier avec Moscou au cas où il n'obtiendrait pas rapidement les succès militaires escomptés.
"Nous ne ferons rien sur l'Ukraine sans l'Ukraine", a rassuré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Moscou avait été banni du Conseil en mars 2022 en conséquence de l'invasion de l'Ukraine mais s'apprêtait de toute façon à quitter l'organisation, rare forum européen ou occidental dont la Russie était membre.
Outre les 27 membres de l'Union européenne, l'espace juridique du Conseil de l'Europe - 675 millions d’habitants au total - inclut une vingtaine d'autres nations dont la Turquie et le Royaume-Uni. Il est surtout connu pour sa juridiction, la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
Malgré son unité affichée, le Conseil de l'Europe n'est pas exempt de lézardes, à l'image du conflit armé qui voit s'affronter deux de ses membres, l'Azerbaïdjan et l'Arménie.
Quant au Royaume-Uni, il tire régulièrement à boulets rouges sur la CEDH, qu'il voit comme un obstacle excessif au durcissement de sa politique d'immigration.
Le Premier ministre britannique a de nouveau plaidé pour une réforme de la Cour à son arrivée, défendant son droit à "stopper les bateaux" de migrants qui traversent la Manche.