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Publication d'un document appelant à des pourparlers de paix, accusations américaines selon lesquelles Pékin s'apprêterait à livrer des armes à la Russie, entretiens avec des alliés de Moscou: Pékin joue un rôle croissant dans le dossier ukrainien au moment où le conflit russo-ukrainien entre dans sa deuxième année.
- Des armes pour la Russie -
Depuis l'invasion russe en Ukraine en févier 2022, la Chine s'est présentée pour l'essentiel comme une partie neutre, tout en maintenant des liens proches avec Moscou.
Des entreprises d'Etat chinoises ont vendu des drones non-offensifs et d'autres équipements tant à la Russie qu'à l'Ukraine, obligeant Moscou à se tourner vers Téhéran pour se procurer de l'armement.
Selon Washington, cela pourrait changer, le secrétaire d'Etat Antony Blinken ayant déclaré récemment que la Chine "envisage de fournir un soutien létal à la Russie".
Pékin a rapidement rejeté ces accusations en niant vouloir fournir des armes à la Russie et en accusant les Etats-Unis de "propager de fausses informations" tout en envoyant "constamment des armes sur le champ de bataille".
Les Etats-Unis n'ont pas fourni de preuves concrètes que la Chine s'apprêterait à envoyer des armes à la Russie, mais des experts ont indiqué à l'AFP que l'affirmation est crédible et que l'entrée de Pékin dans le conflit pourrait "changer la donne".
- Document en 12 points -
La Chine a été sollicitée par les Occidentaux depuis un an pour condamner l'invasion russe en Ukraine.
Cherchant depuis quelques semaines à jouer un rôle de médiateur dans le conflit, Pékin a dévoilé la semaine dernière un document en 12 points rejetant tout recours à l'arme nucléaire et appelant au respect de la souveraineté territoriale de tous les pays.
Publié le jour du premier anniversaire de l'invasion russe, le document appelle la Russie et l'Ukraine à tenir des pourparlers de paix.
Mais, bien que salué par les Nations unies et la Russie, il a très vite fait l'objet de critiques de la part des alliés de l'Ukraine. Le chef de l'Otan, Jens Stoltenberg, a affirmé que "la Chine n'a pas beaucoup de crédibilité parce qu'elle n'a pas été en mesure de condamner l'invasion illégale de l'Ukraine".
Bonnie Glaser, directrice du programme Asie au cercle de réflexion German Marshall Fund, a dit à l'AFP que le document était "largement un résumé des déclarations chinoises de l'année passée".
"Pékin estime toujours que l'Otan est la cause de la guerre et refuse de condamner l'invasion russe. C'est du vieux dans du presque neuf", a-t-elle dit.
- Rencontrer les amis de Poutine -
Pendant que Pékin cherche à se montrer neutre, le président chinois Xi Jinping rencontre cette semaine son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko.
Ce dernier, parmi les rares alliés étrangers du président russe Vladimir Poutine, pourrait évoquer à Pékin les derniers développements sur la guerre en Ukraine et influencer potentiellement la position chinoise sur la question.
Les liens économiques entre le Bélarus et la Chine s'étaient renforcés jusqu'à ce que la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine perturbent l'économie mondiale.
Le territoire du Bélarus a été utilisé par la Russie comme base pour l'invasion de l'Ukraine en février 2022.
En septembre dernier, les présidents Xi et Loukachenko s'étaient rencontrés à Samarcande, en Ouzbékistan, où ils avaient officiellement déclaré leurs pays liés par un partenariat "à toute épreuve".
- Discussions avec Zelensky? -
Au premier anniversaire de l'invasion de son pays par la Russie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé le désir de rencontrer M. Xi afin de discuter des propositions chinoises pour résoudre le conflit.
Il a dit espérer que la Chine ne fournira pas d'armes à la Russie, assurant: "Je veux croire que la Chine sera du côté d'un monde juste, c'est-à-dire de notre côté".
Le ministre chinois des Affaires étrangères n'a pas encore fourni de détails sur une possible rencontre entre les deux parties, assurant que Pékin maintient une "proche communication" avec les parties.
M. Zelensky a salué le document en 12 points, de même que le ministère russe des Affaires étrangères qui a dit partager les vues de Pékin.
Le président ukrainien profiterait vraisemblablement d'une rencontre avec son homologue chinois pour l'inciter à faire levier sur son allié russe en vue d'une résolution du conflit.
Mais à ce stade, la Chine n'a montré aucun signe en ce sens, a dit à l'AFP Elizabeth Wishnick, chercheuse au Weatherhead East Asian Institute de l'Université de Columbia à New York.
"Au contraire, (le président Xi) envisage une visite à Moscou et continue de répéter la propagande russe sur la responsabilité des Etats-Unis de l'Otan dans le déclenchement du conflit", a-t-elle ajouté.
De son côté, le président français Emmanuel Macron, dont le pays est membre du Conseil de sécurité de l'Onu, a annoncé samedi qu'il se rendrait en Chine "début avril", en appelant Pékin à "aider à faire pression sur la Russie" afin de "stopper l'agression" et "bâtir la paix".
"Le fait que la Chine s'engage dans des efforts de paix est tout à fait bon", a salué le président français.