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Quatre semaines après l'agression de Samara à proximité de son collège de Montpellier, l'enquête administrative n'a relevé "aucun manquement fautif" de la part de l'établissement ni pu établir de "harcèlement scolaire", contrairement à ce qu'affirme la famille.
"A l'issue de ses investigations, et concernant la prise en charge de Samara le 2 avril, la mission n'a relevé aucun manquement fautif de la part du personnel de l'établissement et ne peut établir objectivement une situation de harcèlement scolaire à l’encontre de Samara", est-il écrit dans une synthèse publiée mardi par le ministère de l'Education nationale.
La ministre Nicole Belloubet avait annoncé le 4 avril le lancement de cette enquête. Une enquête judiciaire est par ailleurs en cours.
Après avoir mené 51 auditions, les auteurs du rapport font "le constat de signaux d'alerte qui, agrégés, font l’évidence d’un mal-être croissant de Samara". Ces signaux "sont allés en s'accélérant depuis le début du mois de mars et ont conduit à un suivi de l'élève resserré par la vie scolaire", selon leurs conclusions.
Mme Belloubet avait déjà indiqué mardi matin sur France Inter que l'enquête n'avait "pas relevé de négligence" du collège où était scolarisée Samara, et qu'"au vu des éléments qui étaient portés à leur connaissance, les équipes éducatives ont fait ce qu'elles pouvaient faire".
- "Forme de trahison" -
Samara, âgée de 13 ans, avait été agressée le 2 avril à proximité de son collège de Montpellier par plusieurs élèves. Elle avait été gravement blessée et était restée dans le coma pendant plus d'une journée.
Cinq mineurs ont été mis en examen pour tentative d'homicide dans ce dossier: deux garçons et une fille de 14 et 15 ans interpellés le 3 avril, au lendemain de l'agression de l'adolescente, et deux autres plus tard.
Sa mère a mis en cause le manque de réactivité du collège, provoquant la colère et une grève des enseignants qui se jugeaient par ailleurs insuffisamment soutenus par la ministre.
"La petite Samara faisait l'objet d'un harcèlement", a réagi mardi auprès de l'AFP l'avocat de la mère de l'adolescente, Me Marc Gallix.
La mère de la jeune fille est "très choquée" par les propos de Mme Belloubet, "elle a l'impression que c'est une forme de trahison", a-t-il ajouté, soulignant que Samara n'a pas été entendue dans l'enquête du ministère.
Selon le rapport, elle n'a pas pu être auditionnée "en raison de son état de fragilité psychologique et de son refus, à ce stade, de s'exprimer sur ce qui lui est arrivé avant son agression".
- "Mécréante" -
"Sur les faits, entendre dire qu'il n'y a aucune défaillance de la part du collège, pour la mère de Samara, c'est insupportable", a insisté Me Gallix, en dénonçant une "forme de corporatisme des enseignants".
Dans les médias, la mère de l'adolescente avait aussi laissé entendre que l'agression revêtait une dimension religieuse, Samara ayant selon elle été traitée de "mécréante".
Concernant cet aspect religieux, la mission considère, selon les informations en sa possession, que "le sujet communautaire n’est pas absent mais n’a pas joué un rôle prépondérant" dans l'agression.
Un avis partagé par Me Gallix: "Les deux jeunes filles n'avaient pas le même profil culturel ou religieux, mais je considère que ce n'est pas un élément important du dossier", a-t-il expliqué, en disant surtout "attendre beaucoup de l'enquête judiciaire".
L'enquête met aussi en avant le rôle des réseaux sociaux, via des comptes dit "fisha" diffusant des images dégradantes de personnes sans leur consentement. Elle souligne que Samara a rencontré "d’importants problèmes relationnels avec d’autres élèves qui trouvent essentiellement leur source sur les réseaux sociaux, et notamment via les comptes +fisha+".
"Sans pouvoir statuer sur l’origine et le déroulement des bagarres, (...), la mission estime que Samara s’est retrouvée prise dans un engrenage auquel elle n’a pas su répondre ou mettre fin et dont elle n’a pas souhaité parler aux adultes du collège", indique-t-elle.