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Permettre aux militaires blessés, cloués dans un fauteuil, de se remettre debout et marcher: c'est désormais possible à l'Institut national des Invalides à Paris, qui vient de se doter d'un exosquelette, un outil novateur de rééducation.
Dans cet établissement de pointe spécialisé dans la prise en charge des blessés de guerre et du grand handicap, le docteur Laurence Mailhan, médecin de rééducation, a enfilé ce robot marcheur pour une démonstration.
Après installation d'un harnais autour de son buste, elle passe de la position assise à la position debout et débute une marche guidée par le robot.
Ses membres inférieurs sont assistés de deux structures mécaniques qui doublent celle de son squelette.
Conçu pour maintenir l'équilibre du patient en position debout, l'exosquelette "Atalante" permet aussi de réaliser des exercices de renforcement des membres inférieurs, du tronc et des membres supérieurs.
"Pour les patients qui pourront remarcher, c'est un gain de temps dans la rééducation", explique le Dr Mailhan.
Mais, pour ceux qui ne le pourront jamais, les bénéfices sont également nombreux: "il a été démontré que la position verticale permet de lutter contre l'ostéoporose ou les risques de fractures. Elle peut aussi améliorer le transit ou les troubles urinaires, les capacités respiratoires et l'endurance", énumère-t-elle.
Depuis son lancement il y a trois ans, une vingtaine d'hôpitaux en France ont investi dans l'achat d'un tel robot, conçu par la start-up française Wandercraft.
Si quelques concurrents en fabriquent d'autres dans le monde, "notre modèle est le seul qui s'équilibre tout seul et n'oblige pas à utiliser des béquilles pour se stabiliser", assure le co-fondateur de la société, Jean-Louis Constanza.
Coût de l'exosquelette: 220.000 euros. L'association Solidarité défense, qui accompagne le personnel militaire et civil des armées, l'a offert à l'Institut national des Invalides avant l'été.
"Après une phase de formation des personnels de santé à la rentrée, il est désormais opérationnel", se félicite son président, l'ancien ministre Jean-Marie Bockel.
- "A hauteur des regards" -
Chaque année, entre 250 et 300 militaires français sont blessés en opérations. Grâce à cette acquisition, leur parcours de soin "va être amélioré", projette l'association.
Le dispositif nécessite d'être sécurisé en étant accroché à des rails au plafond ou à un système de "lève-malade".
"A minima, deux personnes encadrent le patient", explique Laurence Mailhan. Mais tous les blessés ne pourront pas en bénéficier: "il y a des limites de taille, de poids, d'amplitude articulaire". "On vérifie aussi qu'il n'y a pas eu de perte osseuse pour limiter le risque de fractures", explique-t-elle.
Ainsi, César (pseudonyme), ancien militaire de 35 ans, resté tétraplégique après une mission au Sahel il y a dix ans, souffre désormais d'ostéoporose, ce qui restreint pour lui la possibilité d'utiliser l'exosquelette.
"Si seulement il avait existé au moment de ma rééducation...", regrette-t-il.
Pensionnaire aux Invalides depuis neuf ans, il a toutefois pu le tester une fois: "ce qui m'a marqué, c'est de me retrouver à la hauteur des gens, des regards, et non plus en position d'infériorité physique", confie-t-il.
Virginie Dubost, 37 ans, en fauteuil depuis un accident de surf il y a cinq ans, insiste aussi sur l'aspect "psychologique": "rien que le fait d'être debout, face-à-face avec quelqu'un, c'est juste génial!"
Pour cette "civile", qui suit des séances de kiné à l'hôpital de jour des Invalides, la marche avec l'exosquelette complète bien sa rééducation. "La première fois que je l'ai essayé, ça m'a un peu épuisée mais au fil du temps, j'ai senti que ça renforçait mes muscles et mon cardio", témoigne-t-elle. Chaque séance hebdomadaire est devenue "ma bulle de plaisir", complète-t-elle.