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Les ventes des œufs de Pâques résisteront-elles à la flambée des prix ? Les professionnels restent confiants, d'autant que les Français semblent ne pas vouloir renoncer aux douceurs sucrées, glaces et bonbons en tête.
"Pâques, c'est l'occasion" et "autant se faire plaisir", affirme, à la sortie d'une boutique de chocolats à Paris, Maurice Ryffel, 90 ans.
"Je ne regarde pas trop les prix", confie quant à lui Albert Fitoussi, restaurateur de 35 ans, après avoir fait ses achats dans une chocolaterie artisanale.
En France, les volumes de ventes de chocolat des trois premiers mois de l'année (jusqu'au 26 mars) sont en légère baisse sur un an, selon le cabinet Circana, mais reculent pour l'instant moins que sur l'ensemble de 2022.
Les prix du chocolat ont pourtant bondi de 10,3% en février sur un an, selon l'Insee. La hausse des prix est même de 12,2% pour les confiseries, et 14,1% pour les glaces.
"Nous sommes assez confiants" pour Pâques, une fête qui représente 8% des ventes annuelles, déclare à l'AFP Gilles Rouvière, secrétaire général du syndicat du chocolat.
Il évoque un budget "plutôt stable" de 20 euros par foyer pour Pâques, soulignant une "gamme très vaste" qui permet à "chaque famille, en fonction de son budget" de trouver son plaisir.
Dans sa chocolaterie parisienne, Pierre-Benoît Sucheyre, a "adapté" quelques recettes pour "rester sur les mêmes prix que l'année dernière", avec, par exemple, un praliné cacahuète plutôt qu'une création aux pistaches.
Côté grande consommation, le géant suisse Lindt a répercuté une partie des hausses de coûts - matières premières, énergie, emballages - sur les prix.
Mais "nous sommes convaincus que nos consommateurs continueront à s'offrir le petit luxe d'un morceau de bon chocolat dans leur vie quotidienne", a estimé la direction dans sa lettre annuelle aux actionnaires.
"La plus forte sensibilité des clients au prix est un défi" mais "les producteurs suisses se maintiennent relativement bien", explique à l'AFP le président de la fédération professionnelle Chocosuisse, Urs Furrer.
"Nous voyons plus d'achats chez les discounters", a néanmoins relevé mercredi Ben De Schryver, directeur financier du groupe suisse Barry Callebaut, numéro un mondial du cacao et des préparations chocolatées.
- Glace, bonbons, biscuits, sodas -
Au-delà de Pâques, d'autres "petits plaisirs" ne sont pas sacrifiés en cette période de forte inflation, à commencer par les glaces.
"C'est l'arrivée du soleil", lance Ousmane Anegble, 36 ans, après l'achat de cônes à Paris pour son fils et lui. Et les bonbons, "même si ça augmente, on ne s'en rend pas compte" car "ça ne rentre pas dans la consommation du quotidien" au même titre que la viande ou les légumes, estime-t-il.
Les Français sont "toujours plus nombreux à consommer des glaces" une hausse à 25 millions de foyers au total, selon l'association des entreprises des glaces, qui y voit un "produit plaisir par excellence".
Côté bonbons, les ventes ont progressé de 5,3% en volume en 2022, selon le panel NielsenIQ, et les biscuits de 2,3%.
Pour offrir quelques sucreries à son petit-fils, Christine Pollet, 73 ans, n'a "pas regardé le prix", dit-elle en sortant d'un magasin de bonbons.
"Depuis la fin du Covid, le marché est reparti à la hausse" et a retrouvé fin 2022 "le niveau de 2016", selon Jean-Philippe André, président de Haribo France, selon lequel les confiseries sucrées sont "un petit plaisir encore raisonnable".
Bonbons et biscuits séduisent toujours plus de clients, selon Emma Sarrazy, analyste chez NielsenIQ. "La consommation des foyers sur ces catégories est aussi plus forte en 2022" avec, toutefois, une baisse en gamme pour les achats "plaisir".
Les sodas sont également plébiscités: en 2022, le volume des ventes du géant des boissons Suntory Beverage & Food France a progressé de 11% sur un an, avec notamment un million de nouveaux foyers de consommateurs conquis pour leur marque Schweppes, "un chiffre rarement atteint" selon son directeur général Pierre Decroix.
Il s'agit de produits "avec lesquels vous pouvez vous faire plaisir pour moins d'un euro", estime-t-il.