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Le chorégraphe français Pierre Lacotte, connu pour ses reconstructions de ballets du XIXe siècle pour les plus grandes compagnies du monde, est décédé lundi à l'âge de 91 ans, a annoncé à l'AFP son épouse, la danseuse étoile Ghislaine Thesmar.
"Notre Pierre nous a abandonnés à 4H00 du matin", a affirmé Mme Thesmar, précisant qu'il est décédé dans une clinique à la Seyne-sur-Mer dans le Var (sud de la France) d'une septicémie après l'infection d'une plaie.
"C'est très triste, il était encore bourré de projets et était en train d'écrire un livre", a précisé celle qui était son épouse depuis 1968.
"Il était plein d'énergie et avait des projets pour des compagnies" dont le ballet de l'Opéra de Rome, a-t-elle ajouté.
Sa dernière création remonte à octobre 2021, à près de 90 ans: l'adaptation en ballet du roman de Stendhal, "Le Rouge et le Noir" pour l'Opéra de Paris. "Il adorait l'Opéra, c'était sa seule et unique maison", a assuré Mme Thesmar.
"Le ballet classique doit beaucoup à ce maître à danser. Nous sommes les dépositaires d’un précieux héritage que nous devons préserver pour les générations futures", a réagi José Martinez, directeur de la danse à l'Opéra.
Le directeur général de l'institution, Alexander Neef, a promis de veiller "à honorer la mémoire de Pierre Lacotte", tandis que l'étoile Hugo Marchand a remercié un "grand maître de la danse".
Le Bolchoï de Moscou, où M. Lacotte était très admiré, a salué dans un communiqué un "homme talentueux à l’âme généreuse". En 2000, Pierre Lacotte avait remonté pour le théâtre une production spectaculaire de "La Fille du Pharaon", un ballet inspiré du "Roman de la momie" de Théophile Gautier et créé en 1862 en Russie par le Français Marius Petipa. Il avait également reconstruit en 2013 sur cette scène le ballet "Marco Spada".
"Une page à part dans la biographie de Pierre Lacotte est l'histoire de sa relation avec la Russie", a encore souligné le Bolchoï.
Né le 4 avril 1932 en région parisienne, Pierre Lacotte intègre l'Ecole de l'Opéra de Paris en 1942, entre dans le corps de ballet puis devient premier danseur en 1951.
Il fonde la compagnie des Ballets de la Tour Eiffel, après avoir démissionné de l'Opéra, puis mène à partir de 1959 une carrière de danseur et de chorégraphe indépendant.
Au début des années 60, il fut l'un des protagonistes de la retentissante défection pour s'enfuir à l'Ouest de Rudolf Noureev.
Une blessure à la cheville oblige Lacotte à ralentir en 1968 et c'est alors qu'il se consacre à la recherche d'archives d'anciens ballets, le poussant à recréer "La Sylphide", qui a été le premier ballet sur pointes (1832).
Ces reconstructions deviendront sa passion. Outre celles du Bolchoï, il ressuscitera, entre autres, "Coppélia" (1870), le "Pas de six de La Vivandière" (1844), (1862) et "Paquita" (1846) pour l'Opéra de Paris.
La ministre de la Culture Rima Abdul Malak a salué un "grand metteur en harmonie des pas et des époques, des styles et des sons" et un "infatigable magicien des pas qui a su garder ses rêves d'enfant jusqu'à ses 91 ans".