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Des associations de défense des migrants ont dénoncé mercredi une recrudescence en France des enfermements pour des motifs "dérisoires" ou abusifs, à la suite de directives du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
Le rapport annuel de ces cinq associations, dont La Cimade et France terre d'asile, "confirme un recours banalisé à la rétention, de manière trop souvent abusive et parfois dans des conditions indignes" au sein des 25 centres de rétention que compte la France (dont quatre en Outre-Mer).
"Ces dérives ont été particulièrement importantes cette année du fait des directives claires du ministère de l'Intérieur de privilégier l'enfermement dans les CRA (centres de rétention administrative, NDLR) des étrangers dont le comportement constituerait un 'trouble à l'ordre public'", souligne le rapport.
Depuis les instructions d'août et novembre 2022 du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, les CRA recensent davantage de personnes qui auraient pu se prévaloir d'un droit de séjour sur le territoire français, enfermées pour des motifs parfois "dérisoires", tels que des regards "suspicieux" autour de soi ou un crachat sur le trottoir, listent les associations.
"Pour à peu près tout et n'importe quoi, on va désormais justifier un placement en rétention pour une prétendue menace à l'ordre public", une notion qui reste floue, commente auprès de l'AFP Dalia Frantz, responsable de la rétention à La Cimade. Et de préciser que cette tendance "se poursuit" depuis début 2023.
En 2022, 43.565 sans-papiers ont été placés en rétention dans l'attente de leur expulsion. Un chiffre toujours inférieur à ceux enregistrés avant la pandémie en 2019 (53.273).
Ce recours à l'enfermement est jugé "disproportionné" et "inutile" par les défenseurs des migrants: sur l'ensemble des immigrés en situation irrégulière enfermés l'an passé, la moitié d'entre eux a été libérée, notamment du fait d'irrégularités de procédure.