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Reporters sans frontières (RSF) organisera mardi un "meeting" en solidarité avec les salariés du JDD, dont la grève contre l'arrivée à leur tête du journaliste d'extrême droite Geoffroy Lejeune a reçu le soutien d'anciens directeurs de l'hebdomadaire et celui, plus inattendu, de l'opposant russe Mikhaïl Khodorkovsky.
La grève est votée et reconduite depuis jeudi et jusqu'à mercredi, à la quasi-unanimité de la rédaction du JDD. Les grévistes s'opposent à la nomination de M. Lejeune, venu de Valeurs Actuelles, à la direction du journal, désormais contrôlé par Vincent Bolloré, une "ligne rouge" pour eux, et demandent des garanties pour leur indépendance.
Cette nomination "fait craindre la transformation d'un journal historique généraliste de qualité en simple organe d'opinion où les faits et la rigueur journalistique n'auront plus d'importance", s'alarme RSF dans un communiqué.
"Pour défendre l'indépendance du journalisme et le pluralisme de l'information, RSF organise avec la rédaction du JDD en grève une grande soirée de mobilisation ce mardi 27 juin au Théâtre Libre" à Paris (Xe arrondissement), en présence de "personnalités médiatiques et politiques" et d'"intellectuels", annonce l'ONG.
L'arrivée de M. Lejeune "n'est pas seulement une provocation et la démonstration que l'extrême droite s'installe désormais tranquillement dans les médias", déplorent en outre huit anciens directeurs du Journal du dimanche dans une lettre transmise par sa Société des journalistes (SDJ) à l'AFP.
"C'est aussi un reniement devant l'ensemble de la rédaction et des lecteurs. (...) Penser que l'identité d'un journal puisse être ainsi gommée revient à mettre en danger le fondement même de notre métier", ajoutent-ils.
Parmi les signataires, Hervé Gattegno, licencié de Paris Match et du JDD en 2021, Cyril Petit, qui lui a succédé pour quelques mois jusqu'en mai 2022, ou encore Alain Genestar, directeur de la rédaction de 1987 à 1999.
L'ex-oligarque russe en exil, Mikhaïl Khodorkovsky, a également fait part de sa "préoccupation sérieuse" dans une tribune transmise par la SDJ. "Pour ma part, la principale source d'inquiétude réside dans le fait qu'un influent hebdomadaire français sera placé sous la direction d'une personne qui a exprimé son soutien à Éric Zemmour, connu pour ses déclarations controversées et ses attitudes apologétiques envers le criminel de guerre Vladimir Poutine", explique l'opposant russe.
"Le soutien à des politiciens liés au régime criminel de Poutine soulève assurément des doutes quant à l'équilibre et à l'objectivité des informations publiées par le journal", redoute-t-il.
La grève au JDD a paralysé son site internet et empêché sa parution dimanche.
Plusieurs responsables politiques de gauche ainsi que la ministre de la Culture ont exprimé leur vive préoccupation.
Les grévistes ont aussi reçu un large soutien de la profession, inquiète de l'influence croissante de Vincent Bolloré dans les médias français.
Après une trentaine de sociétés de journalistes de grands médias et d'autres syndicats, le SNJ, syndicat majoritaire de la profession, a tenu dimanche soir "à apporter son soutien plein et entier" aux grévistes.
"Ce sont avant tout les rédactions qui sont garantes de la ligne et de l'identité éditoriales de leur titre ainsi que du maintien de celles-ci, en dépit des évolutions actionnariales", a souligné le SNJ.