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Habitué des mandats locaux et des coups de gueule à l'Assemblée nationale, le député MoDem Philippe Vigier a obtenu à 65 ans le portefeuille des Outre-mer, une nomination déjà critiquée par des élus ultramarins.
Comme son prédécesseur Jean-François Carenco, il reste ministre délégué, rattaché à Gérald Darmanin à l'Intérieur.
Cheveux grisonnants et caractère bien trempé, le député d'Eure-et-Loir est une figure du Palais Bourbon, où il est élu depuis 2007, naviguant entre les chapelles centristes.
Il n'est pas spécialiste des Outre-mer et sa nomination suscite déjà des critiques.
"C'est un très mauvais signal. Le profil de Vigier n'est pas du tout en cohérence avec la réalité des territoires", regrette le député de Guyane Davy Rimane (groupe GDR, à majorité communiste), président de la délégation aux Outre-mer, interrogé par l'AFP.
"Il y a eu des joutes verbales à l'Assemblée et un manque de respect, au moment des textes sur la crise sanitaire", ajoute-t-il, alors que l'obligation vaccinale des soignants avait suscité une levée de boucliers dans les territoires d'Outre-mer.
"Il n'a jamais pris position pour défendre nos territoires", abonde la députée de la Réunion Nathalie Bassire, membre du groupe indépendant Liot à l'Assemblée.
L'Insoumis réunionnais Jean-Hugues Ratenon pointe le "peu d'attention" du gouvernement, avec ce changement "deux jours à peine après la tenue du Comité interministériel des outre-mer" et son plan de 70 mesures.
"Je suis complètement à l'écoute des territoires et des parlementaires", a répondu Philippe Vigier auprès de l'AFP.
"C'est un élu de terrain, il n'a eu que des succès dans les territoires", abonde son collègue MoDem Bruno Millienne.
Au sein du camp présidentiel, il s'est illustré ces derniers mois en portant la parole du MoDem lors de la réforme des retraites, montant volontiers au créneau contre La France insoumise.
Il avait aussi suggéré brièvement le passage à la semaine de 35,5 heures de travail pour financer les retraites, une simple "hypothèse" assurait-il, rapidement remisée après avoir hérissé le gouvernement.
Ancien maire de Cloyes-sur-le-Loir (2001-2017), Philippe Vigier est docteur en pharmacie et biologiste de profession, longtemps à la tête de laboratoires d'analyses médicales.
Il a deux passions: la politique et "tout ce qui va vite", le sport automobile, le ski, le jet-ski, dit-il.
Vice-président du MoDem, Philippe Vigier a écumé différentes écuries centristes, UDF, Nouveau Centre et UDI.
Il doit son portefeuille à la volonté du patron du MoDem François Bayrou de conserver les équilibres au sein du gouvernement, après le départ de Geneviève Darrieussecq, qui était chargée des personnes handicapées.
A l'âge de 16 ans, en 1974, Philippe Vigier collait déjà des affiches pour la campagne présidentielle de Valéry Giscard d'Estaing, mais il n'avait fait son entrée officielle à l'UDF qu'au début des années 1990.
Il est conseiller régional du Centre (Centre-Val-de-Loire aujourd'hui) de 1995 à 2014, puis à nouveau depuis 2021.
A l'Assemblée, il avait été élu, en 2014, président du groupe parlementaire UDI en remplacement de Jean-Louis Borloo.
Réélu député en 2017 avec le soutien de la droite et de l'UDI, il avait pris son indépendance en 2018 en fondant le groupe composite "Libertés et territoires", avant de rejoindre le MoDem et la majorité présidentielle en 2020.
En juin 2022, il avait été réélu pour son quatrième mandat de député.