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Le journaliste français, ex-otage au Mali, retrouve sa famille dans la joie: "Ca y est, je suis libre!"

Le journaliste français indépendant Olivier Dubois, otage pendant près de deux ans de jihadistes au Mali, savoure sa liberté retrouvée après des moments "difficiles", se sentant pourtant chanceux d'avoir échappé à des violences physiques, a-t-il confié mardi à l'AFP. Sur le tarmac de la base militaire de Villacoublay, près de Paris, où il a atterri mardi au lendemain de sa libération à Niamey, la joie semble incommensurable. Un large sourire ne le quitte plus alors qu'il vient de retrouver sa femme, ses deux enfants, sa soeur et son père.

Les premiers échanges avec eux ? "Les mots fusent et on ne s'en souvient pas" mais l'émotion est forte. "C'est physique!", raconte-t-il. "Je me sens mieux, vraiment mieux", souffle-t-il. "Hier, je n'y croyais pas quand je suis arrivé à l'aéroport (de Niamey) et je commence à réaliser petit à petit", poursuit-il. "Là ça y est, j'ai vu ma famille, c'est effectif, je suis libre!". Sa soeur, Canèle Bernard, acquiesce en rigolant.

Les condtions de sa libértion restent secrètes

Olivier Dubois reconnait qu'au cours de sa longue détention - 711 jours -, "il y a eu des épisodes difficiles. Mais je tiens à dire que je n'ai ni été maltraité, ni humilié, ni frappé, ni quoi que ce soit". Et il savoure sa chance d'être libre même s'il s'avoue "très, très fatigué" et qu'une partie de sa tête "est encore là-bas".

Comment sa libération a-t-elle été possible ? "Évidemment ça m'intéresse mais je n'en sais rien du tout", explique-t-il. "Je sais que le Niger est impliqué, les services français aussi".

Il souligne avoir demandé aux autorités "mais on n'a pas voulu me répondre, évidemment". Alors il avance des hypothèses: "échange de prisonniers, argent, les deux, je ne sais pas". Ce qu'il sait en revanche, c'est que sa libération a été bien planifiée, puisqu'il a été informé le 7 mars qu'il allait "sortir dans 15 jours". Puis, aucune nouvelle jusqu'au 16 mars, date à laquelle il a été transféré en moto, puis en pick-up, pour être amené "sous un arbre" où il a attendu patiemment de retrouver la liberté.
 

"Alertes, drones"

Deux jours avant celle-ci, il fait la connaissance de Jeffery Woodke, humanitaire chrétien américain qui avait, lui, été enlevé le 14 octobre 2016 au Niger. Ils ont été tous deux libérés au cours d'une extraction épique: il a fallu "deux nuits et une matinée" pour sortir du pays. Olivier Dubois avait été enlevé dans le nord du Mali mais a constamment changé de lieu de détention. Le dernier se situait dans la région de Kidal, dans le nord du pays, explique-t-il, tout en soulignant qu'un otage ignore où il se trouve "la plupart du temps".
"On bouge beaucoup, tous les mois, toutes les deux semaines", raconte-t-il. "C'est eux qui vous font bouger, il y a des alertes, il y a des drones". Les départs sont alors précipités.
Parfois, il est resté plus longtemps sans bouger, notamment "six mois dans des prisons à ciel ouvert". Une stabilité appréciable: on peut mettre en place des routines, avoir "nos habitudes". Cela donne aussi "plus de confort".


Interrogé sur ce qu'il compte faire à présent, il a assuré que cette malheureuse expérience ne l'avait "pas dégouté du métier de journaliste". "Mais je vais travailler un peu autrement", confie-t-il. A court terme, il sait qu'il doit se reconstruire psychologiquement et faire redescendre les émotions. "Il y a une sorte d'euphorie, j'ai été libéré hier, il y aura forcément une sorte de phase +down+" à l'avenir, prévoit-il. "Il va falloir que je le gère". Et avant toute chose, retrouver le sommeil.

A très court terme, ses projets sont simples: passer du temps avec ses proches "pour reconnecter la famille" et retrouver une vie normale. "Le reste, on verra après", conclut-il, alors que Dov Alfon, le patron de Libération avec qui il collaborait avant son enlèvement, a déjà assuré avoir des projets pour lui.

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