Partager:
Pollution et "autocombustion": le tribunal de Lille s'est intéressé mardi aux conséquences environnementales du déversement illégal de déchets belges au second jour du procès d'un vaste trafic transfrontalier, alors que des tonnes de détritus jonchent toujours le sol français.
Près de 10.000 tonnes de déchets provenant de Belgique ont été déversés illégalement en France entre 2018 et 2021, soit un préjudice estimé à plus d'1,5 million d'euros pour des communes et des entreprises du nord et de l'est de la France.
Neuf hommes, dont cinq de la même famille, comparaissent jusqu'à vendredi devant la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS), en charge de la criminalité organisée, une première pour une affaire de trafic de déchets.
"Les déchets fermentent et dégagent du gaz, du méthane, et des phénomènes d'autocombustion peuvent se former", entraînant des risques d'incendies, a indiqué à la barre Erwan Pinvidic, expert et responsable au sein du Pôle français des transferts transfrontaliers de déchets, organisme chargé d'autoriser ces transferts.
Ce phénomène a notamment été observé à Hautcourt-Moulaine (Meurthe-et-Moselle), l'un des quatre sites de dépôt "illicite" expertisés par ce pôle en 2020, près de la frontière luxembourgeoise.
Trois de ces terrains ont depuis été vidés de leurs ordures par les propriétaires abusés, qui ont dû débourser 126.000 euros, selon ce témoin.
Sur le quatrième site, à Rédange (Moselle), 200 tonnes d'ordures gisent encore, quatre an après les faits, sur un terrain désormais "pollué", déplore Violaine Clément-Grandcourt, avocate de l'entreprise propriétaire, qui n'a pu prendre en charge le nettoyage.
Cartons, plastiques, textiles, métaux... Le danger provient de la nature des détritus entassés : un mélange de déchets ménagers, industriels et de gravats provenant du bâtiment, non triés.
Les avocats s'étonnent que les sociétés ayant émis les déchets ou les autorités n'aient pu être contraintes à récupérer les détritus entreposés illégalement.