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Mode à Paris: féminité et défilés conventionnels

Silhouette ultraféminine, défilé centré sur le vêtement sans autre message chez Balenciaga et vibrant hommage à Vivienne Westwood et Paco Rabanne, les trublions récemment disparus: cinq choses à retenir de la Semaine de la mode qui s'achève mardi à Paris.

- Tailleur-jupe -

On l'a vu pour la dernière fois porté par sa mère ou sa grand-mère? Saint Laurent a fait du tailleur-jupe la pièce centrale de sa collection.

Jupe crayon fendue, veste aux épaules surdimensionnées et décolleté plongeant: inspiré des archives des années 80 d'Yves Saint Laurent, cet ensemble puissamment féminin est revenu sur le devant de la scène.

Dior a puisé dans l'esthétique des années 50, époque où Christian Dior inventait le New Look, silhouette pour une femme d'après-guerre symbolisée par des vestes cintrées aux épaules arrondies, sur des jupes amples sous les genoux.

En 2023, la taille est marquée et la jupe mi-longue a un twist punk grâce à un tissu à l'effet froissé ou motifs floraux chinés pour gommer les contours du corps.

Le jeune styliste Charles de Vilmorin a également revisité les années 50 pour Rochas, "avec des jupes crayon de vinyle, tailles de guêpe et silhouette sirène repimpée".

Givenchy redéfinit l'élégance à travers une veste de tailleur à l'épaule sculptée qui se porte sans jupe ou avec une mini transparente.

Chez Vivienne Westwood, le tailleur gris est en maille, porté avec un chapeau et des bottes dorées.

- Rouge -

Le rouge total a dominé les silhouettes épurées et monochromes pour une femme Hermès "puissante et sensuelle". Lanvin a accessoirisé d'une cagoule rouge une robe à paillettes, Issey Miyake l'a décliné en manteaux.

Pour sa première collection pour Ann Demeulemeester, Ludovic de Saint Sernin a inclus dans la palette chromatique minimaliste le bordeaux qualifié de "faux noir".

Le rouge n'a de connotation négative dans aucune culture et est accepté même pour ceux qui ne portent pas de couleurs, explique à l'AFP Christian Louboutin, qui fête 30 ans de sa semelle rouge iconique.

- Talons -

Aiguille chez Balenciaga, Ann Demeulemeester ou Saint Laurent, "clou de forge" sur des cuissardes d'Hermes, "virgule" pour des souliers à plateau chez Dior: le talon s'impose même pour Maria Grazia Chiuri, styliste de Dior qui le trouvait auparavant anti-féministe.

Christian Louboutin fait du plat et de toutes les hauteurs mais avoue que ce sont les escarpins qui se vendent le mieux.

"Féministe, anti-féministe, j'espère qu'on n'en est plus là. Les femmes ont gagné, vous êtes maîtresses de ce que vous voulez faire de votre corps, de (vous) percher ou pas", résume pour l'AFP Pierre Hardy, chausseur d'Hermès et de sa marque éponyme.

"Plusieurs choses coexistent et cela fait partie de la modernité. On ne verra pas toutes les filles en talon, ni toutes les filles en +combat boots+ ou en sneakers", ajoute-t-il. "Avant, c'était quelque chose d'imposé. Aujourd'hui, c'est un choix intime et personnel".

- Vivienne et Paco -

"Tu m'as dit un jour que je pouvais tout prendre, tout sauf tes chaussures compensées (...) Peut-être que la chose la plus importante que tu m'aies apprise était de mettre la femme sur un piédestal".

Andreas Kronthaler, mari de Vivienne Westwood décédée en décembre et designer de sa marque, a célébré la reine du punk dans un défilé à Paris.

Cora Corré, la petite-fille de Vivienne Westwood, en body blanc en dentelle porté comme une robe de mariée, a clôturé le défilé hommage parisien.

Le bruit des robes conçues avec des matériaux improbables et la voix de Paco Rabanne ont résonné lors du défilé en mémoire du "métallurgiste de la mode", appelé ainsi par Gabrielle Chanel.

- Rupture chez Balenciaga -

Chez Balenciaga, l'émotion n'était en revanche pas au rendez-vous lors d'un défilé dans un cadre épuré tranchant avec les shows précédents.

Pour le styliste Demna, fragilisé par le scandale de la sexualisation d'enfants dans une campagne publicitaire, la mode n'est désormais plus qu'une question de "vêtements".

"La maison n'a plus besoin" de show, "en particulier quand ces éléments-là peuvent ne pas être bien compris ou mal interprétés", estime François-Henri Pinault, PDG du groupe Kering, qui détient Balenciaga.

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