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La neuvième semaine du procès de l'attentat de Nice, qui a fait 86 morts le 14 juillet 2016, a débuté mercredi devant la cour d'assises spéciale de Paris avec l’interrogatoire des accusés, entendus pour la première fois par la cour depuis l’ouverture du procès.
Le premier accusé à être entendu par la cour a été le Franco-Tunisien Mohamed Ghraieb, 46 ans, qui comparaît libre, sous contrôle judiciaire, et compte parmi les trois accusés poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste.
Son interrogatoire doit se poursuivre jusqu'à vendredi.
Sa première journée d'interrogatoire a été essentiellement consacrée à sa personnalité. Sa soeur aînée et sa mère, venues de Tunisie, ont témoigné à la barre pour clamer son "innocence". "Mon frère était réglo, a toujours respecté la loi", a notamment affirmé dans un français impeccable sa soeur aînée Jouda Ghraieb, une enseignante de 53 ans, en imperméable moutarde et pantalon sombre.
La famille de Mohamed Ghraieb - père enseignant, décédé en 2020, mère libraire -, a toujours vécu dans "des conditions très confortables" dans la banlieue huppée de Tunis et adhéré aux valeurs laïques, a souligné Jouda Ghraieb.
Interrogée sur les attentats survenus en France en 2015 et 2016, elle a affirmé avoir été "choquée" par ces événements. "C'est inacceptable, effroyable", a-t-elle soutenu en soulignant que sa famille était "contre la violence, le fanatisme et l'extrémisme".
Mohamed Ghraieb, en jeans et blouson bleu marine, les cheveux gris, s'est montré moins prolixe que sa soeur, au point d'agacer son avocat William Bourdon qui a regretté les réponses parfois trop évasives de son client. "Sur des questions sans enjeux, sur des détails, vous semblez un peu louvoyer", l'a-t-il tancé.
- "Piégé" -
Ainsi, après avoir dit lors de sa garde à vue avoir rencontré pour la première fois son épouse en Tunisie, Mohamed Ghraieb a soutenu mercredi l'avoir rencontrée à Nice.
Cette femme, Merle Immonen, d'origine finlandaise, mère de quatre filles nées d'une autre union, doit témoigner à la barre jeudi.
Pour le reste, Mohamed Ghraieb a expliqué succinctement "faire le ramadan, mais pas les prières", avoir été adhérent à l'UMP (parti fondé par Jacques Chirac), membre d'une association de défense des animaux ou encore avoir été agressé, "sans savoir pourquoi", lorsqu'il était en prison par un détenu radicalisé.
Il sera interrogé plus spécifiquement sur les faits vendredi.
Un enquêteur de la sous-direction antiterroriste (Sdat), témoignant sous couvert d'anonymat, a rappelé les liens anciens entre M. Ghraieb, parfois surnommé Walid, et le Tunisien Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, le conducteur du camion qui a volontairement foncé sur la foule rassemblée le soir du 14 juillet sur la promenade des Anglais.
L'enquêteur a notamment rappelé qu'il y avait eu de nombreux appels téléphoniques et des échanges de SMS entre les deux hommes dans les jours et les semaines précédant l'attentat.
M. Ghraieb a également cherché à joindre à plusieurs reprises M. Lahouaiej-Bouhlel dans la nuit du 14 au 15 juillet. "Cela pourrait-il dire que M. Ghraieb ignorait le projet d'attentat de Lahouaiej-Bouhlel ?", demande le président Laurent Raviot. "Oui, clairement", admet l'enquêteur.
M. Ghraieb a toujours affirmé n'avoir jamais rien su du projet d'attentat. Au tout début du procès, lors d'une déclaration préalable, il avait dit avoir été "piégé" par Lahouaiej-Bouhlel qui a laissé derrière lui de nombreux indices permettant de l’incriminer. Mohamed Lahouaiej Bouhlel l’avait notamment pris en photo dans le camion qu’il venait de louer, quelques jours seulement avant l’attentat.
"Le terrorisme, la violence, ce n’est pas moi. Ce n’est pas un homme, c’est une ordure qui a fait ça, je ne comprends pas, je cherche des réponses aussi", avait expliqué M. Ghraieb qui, à l'époque des faits, était veilleur de nuit dans un hôtel.
En liberté sous contrôle judiciaire depuis 2020, il est resté trois ans en détention provisoire. Il encourt 20 ans de réclusion criminelle.