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Les secrétaires généraux de la CFDT et de la CGT, Laurent Berger et Philippe Martinez, ont vivement répliqué vendredi aux propos d'Emmanuel Macron appelant à ne pas bloquer le pays sur la réforme des retraites, invitant à leur tour le gouvernement à faire preuve de "responsabilité".
Dans la nuit, le chef de l'Etat a dit compter sur "l'esprit de responsabilité" des syndicats pour que leur mouvement contre sa réforme contestée des retraites ne bloque pas "la vie du reste du pays".
"L'appel de cette nuit, je suis désolé de le dire, c'est anachronique", a tranché sur franceinfo Laurent Berger. "Pourquoi on nous appelle, nous, aujourd'hui, à ne pas bloquer le pays? (...) Excusez-moi, mais bordel, on n'est pas responsables depuis le début?", a lancé le responsable syndical.
Il a rappelé qu'il n'y avait pas d'appel à la grève dans les transports ferroviaires samedi, au premier jour des vacances de la zone B.
"Maintenant, j'en appelle à la responsabilité du gouvernement, à la prise en compte de ce monde du travail qui exprime un profond rejet des 64 ans", a-t-il poursuivi, appelant, à la veille d'une nouvelle journée de mobilisation, à "remettre l'ouvrage sur le métier", au risque sinon d'un "profond ressentiment".
Le chef de l'Etat "aime bien parler de la réforme des retraites quand il n'est pas en France", a noté pratiquement au même moment son homologue de la CGT Philippe Martinez sur Europe 1.
"On pourrait lui renvoyer la politesse: on compte sur l'esprit de responsabilité du président de la République et du gouvernement pour qu'on ne soit pas obligés d'amplifier les grèves et d'avoir des grèves reconductibles", a-t-il affirmé.
"Quand il y a un tel mécontentement dans le pays et qu'on a l'esprit de responsabilité justement, eh bien, on écoute", a-t-il ajouté.
M. Berger a aussi vivement critiqué la manière dont se déroulent les débats au parlement. "Ce serait bien aussi que le parlement devienne autre chose qu'un champs de foire où on s'invective les uns et les autres", a-t-il dit, appelant à ce que le débat ait lieu, notamment sur l'article 7 qui reporte l'âge légal de 62 à 64 ans.
"Il faut débattre du fond (...). Je demande que le parlement fasse son travail d'examiner le texte (...) Cet article 7 va changer la vie des salariés", a-t-il souligné, sans vouloir incriminer un camp plutôt qu'un autre.
Il a par ailleurs invité de nouveau les salariés à manifester en nombre dans les "plus de 250" rassemblements partout en France. "Dépasser le million de manifestants ça serait un beau succès", a-t-il souligné.