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Plusieurs centaines de salariés de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont manifesté mardi à Paris contre le projet du gouvernement de démanteler leur institut et ont reçu le soutien de plusieurs députés de l'opposition, ainsi que celui de Barbara Pompili, députée Renaissance.
Avec les slogans "Avant d'agir, faut réfléchir" ou "mariage forcé = sécurité menacée", environ 700 salariés (800 selon la CGT), sur les 1.700 que compte l'Institut, s'étaient rassemblés près de l'Assemblée nationale pour s'opposer au projet de fondre les compétences de l'Institut avec celles de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui décerne les autorisations d'exploitation des centrales.
Voulant surtout préserver leur indépendance vis-à-vis de ce gendarme du nucléaire, ainsi que la transparence de la publication de leurs avis techniques sur l'état des centrales françaises, les manifestants ont jugé injustifié le projet annoncé le 8 février.
Ils ont demandé aux députés de voter contre les amendements déposés par le gouvernement au projet de loi sur l'accélération du nucléaire, qui doivent être discutés au sein de la Commission des Affaires économiques le 6 ou le 7 mars.
Ils ont reçu le soutien de plusieurs élus, notamment celui de la secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier et du député communiste de Seine-Maritime Sébastien Jumel.
Le président de la Commission des Finances, l'insoumis Eric Coquerel, est monté en tribune pour dire qu'il s'opposait "totalement et frontalement" à ce projet de fusion "aberrant". "Il n'y aura jamais assez de sûreté nucléaire" a-t-il dit, "une fois qu'on disloque un outil comme celui-ci on ne le reconstruit pas facilement".
La députée Renaissance Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique du gouvernement Castex de 2020 à 2021, était présente aussi: "Au nom de quoi, lorsque quelque chose fonctionne bien, faudrait-il le supprimer?", s'est-elle interrogée en tribune.
Elle a critiqué l'absence de prépararation du texte, sorti abruptement pendant les congés scolaires de février. "On ne va pas me faire voter un texte sans étude d'impact, surtout s'il parle de sûreté nucléaire", a-t-elle lancé. La députée du parti présidentiel a par ailleurs indiqué à l'AFP sentir un "inconfort" au sein de la majorité sur le sujet.
"Jamais il n'y a eu de remise en cause de l'excellence du travail de l'IRSN et de l'ASN pendant que j'étais rapporteure de la commission d'enquête parlementaire sur la sûreté et la sécurité nucléaire", a-t-elle déclaré.
L'ancien député LREM, puis Génération écologie, le mathématicien Cédric Villani, était aussi venu soutenir les manifestants, pour la plupart ingénieurs, techniciens ou chercheurs. En France, "la sûreté nucléaire, c'est ce qui marche le mieux dans l'ensemble du paysage du nucléaire", a-t-il dit.