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Les associations et syndicats de journalistes turcs ont protesté jeudi à Ankara contre l'arrestation d'un de leurs confrères pour un article sur la corruption au sein de la justice.
Journaliste pour le site d'information T24, Tolga Sardan avait publié mardi un article dans lequel il évoquait un rapport des services de renseignement turcs sur la corruption au sein de la justice. Il a été arrêté mercredi soir dans la capitale pour "diffusion de fausses informations", en vertu d'une loi sur la désinformation votée en 2022.
Critiquée par des défenseurs de la liberté de la presse comme une tentative de "censure" et un renforcement de l'arsenal répressif déjà bien garni du gouvernement turc, cette loi punit la diffusion de "fausse nouvelle" jusqu'à trois ans de prison.
"Tolga sera libre et écrira de nouveau!", "La presse libre ne peut être réduite au silence!", ont chanté les manifestants réunis à Ankara à l'appel des principaux syndicats et associations des journalistes turcs.
Avec la loi controversée de 2022, les autorités tentent "d'intimider et de réduire la presse au silence", a dénoncé le secrétaire général de l'Association des journalistes de Turquie, Kenan Sener lors du rassemblement devant le bureau de T24 à Ankara.
"Nous continuerons à dire haut et fort que le journalisme n'est pas un crime, et à dénoncer la corruption malgré les pressions et les menaces", a-t-il ajouté.
La présidence turque a démenti mercredi soir, peu de temps après l'arrestation du journaliste, l'existence d'un rapport des renseignements sur une éventuelle corruption au sein de la justice.
M. Sardan a défendu son article affirmant qu'il n'avait fait que pratiquer son métier de journaliste.
L'Association des journalistes, de son côté, a estimé "pas crédible" que l'article de M. Sardan "qui n'avait pas été contesté pendant un jour et demi, soit démenti juste après son arrestation", et ce, alors même que "les informations erronées sont immédiatement démenties par les autorités".
"Tolga Sardan n'a fait que son devoir, il a écrit ce que le peuple avait besoin de savoir. Il doit être libéré", a réagi le représentant de Reporters sans Frontière (RSF) en Turquie, Erol Önderoglu.
Selon le dernier classement de RSF sur la liberté des médias, la Turquie figure en 2023 au 165e rang sur 180 pays.