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Un mois après le congrès de Marseille, qui a plongé le Parti socialiste dans la crise, de profonds désaccords demeurent entre le premier secrétaire Olivier Faure et le numéro 2 Nicolas Mayer-Rossignol, bien décidé à jouer sa partition.
C'est la capacité même du parti à repartir au combat en pleine bataille contre la réforme des retraites qui va se jouer dans les prochaines semaines.
Alors que le PS réunit pour la première fois son conseil national (CN) le 11 mars, les deux composantes de la nouvelle direction, qui s'étaient violemment affrontées pour prendre la tête du parti, n'ont pas baissé les armes.
"Les roses ont des épines, peut-être que demain ça piquera encore un peu", avait prévenu Nicolas Mayer-Rossignol à la fin du congrès de Marseille, qui a donné la victoire à Olivier Faure, à une courte majorité.
Le maire de Rouen est, lui, devenu premier secrétaire délégué, au terme d'un pacte de gouvernance collective et de rassemblement des Socialistes, conclu après plusieurs semaines d'invectives et d'accusations de fraudes.
S'il a fait le choix de rentrer dans la direction, Nicolas Mayer-Rossignol affiche régulièrement sa différence, n'hésitant pas à critiquer la gestion du parti. Il a aussi déploré, dans une tribune, l'absence de contre-projet du PS sur les retraites.
Dans l'entourage d'Olivier Faure, cette attitude agace: "est-ce que sa petite notoriété, il l'exploite pour renforcer le PS ou à des fins personnelles?", s'interroge un député socialiste.
"On m'a toujours dit que pour chercher la médiatisation, il fallait taper contre son camp: Nicolas Mayer-Rossignol applique cette règle à la lettre", renchérit le sénateur Rémi Cardon. "Plus on avance dans le temps, plus je m'interroge sur l'envie d'unité chez Refondations", le courant de Nicolas Mayer-Rossignol, ajoute le parlementaire.
- Rapport de force -
La fracture est apparue encore plus béante avec la législative partielle dans la 1ère circonscription de l'Ariège, prévue les 26 mars et 2 avril.
Olivier Faure appelle à soutenir, comme en juin dernier, la députée LFI sortante Bénédicte Taurine, dans le cadre de l'alliance de gauche Nupes avec La France insoumise, les communistes et les écologistes.
Nicolas Mayer-Rossignol défend, lui, une candidate socialiste dissidente, Martine Froger, suspendue du parti.
Pour le maire de Rouen, qui ne cache pas son hostilité à LFI, il n'y a aucun risque que la circonscription passe à droite ou à l'extrême droite. Dans ce cas, "les socialistes doivent soutenir une socialiste".
"L'accord Nupes validé par le PS prévoit de soutenir les sortants", argumente de son côté l'entourage d'Olivier Faure. Et de rappeler que les Insoumis ont défendu dans une législative partielle du Pas-de-Calais, un candidat PS, Bertrand Petit, pourtant ex-dissident.
La direction a décidé que, lors du premier conseil national du 11 mars, où seront élus le Bureau national et le secrétariat national, les membres voteront également sur la législative de l'Ariège. Une manière d'afficher le rapport de force: à l'issue des résultats des élections des premiers secrétaires de fédérations, communiqués vendredi, le courant d'Olivier Faure obtient 53,6% du CN et Nicolas Mayer-Rossignol 28,5%.
La maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, candidate malheureuse à la tête du PS sur une ligne anti-Nupes, a récolté 17,5%.
"Nicolas Mayer-Rossignol a signé lors du Congrès un accord dans lequel il s'engage à porter la ligne commune issue du congrès, donc la ligne d'Olivier Faure qui est majoritaire, et les décisions issues des instances. Il sera tenu par le vote du CN", assure Christophe Clergeau, membre de la direction sortante.
Mais dans le camp du maire de Rouen, on déplore "l'image désastreuse" des débats à l'Assemblée nationale sur le projet de réforme des retraites qui "montre qu'une gauche dominée par La France insoumise est une impasse".
Nicolas Mayer-Rossignol affirme, qu'au sein du conseil national, même "si juridiquement il y a une majorité, politiquement ça fait deux blocs relativement comparables", en additionnant ses voix et celles d'Hélène Geoffroy.
Pour lui, "la responsabilité du rassemblement c'est toujours au chef de la porter". Si Olivier Faure "tape du poing sur la table, il risque de cliver davantage".
Le premier secrétaire n'a en tout cas guère traîné, samedi, pour tenter d'éviter de nouvelles tensions au sein du parti. Il a suspendu Christiane Constant, tout juste élue à la tête de la Fédération du Rhône et qui défendait pourtant sa ligne. En cause, un message "à connotation raciste" de Mme Constant qui pourrait notamment viser Hélène Geoffroy, originaire de Guadeloupe.