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La cour d'appel de Toulouse a ordonné jeudi une reprise de l'enquête judiciaire dans le dossier du meurtre de Delphine Jubillar dont est accusé son mari Cédric, en raison de nouveaux éléments à "vérifier".
Cette décision implique de nouveaux actes d'instruction, notamment des auditions, et va donc retarder la perspective d'un procès d'assises qui semblait se dessiner dans quelques mois pour M. Jubillar.
Mi-janvier, le parquet général avait formulé une demande de supplément d'information "pour faire vérifier des éléments portés à sa connaissance postérieurement à la clôture de l'information", a rappelé dans un communiqué la cour d'appel de Toulouse.
Jeudi, la juridiction a fait droit à cette demande "et désigne pour y procéder les deux magistrats instructeurs du tribunal judiciaire de Toulouse initialement saisis", a-t-elle expliqué à l'issue d'une brève audience à huis-clos.
Tout en ordonnant ces "investigations supplémentaires", qui vont donc être menées par les deux magistrates ayant jusqu'ici conduit l'enquête, la chambre de l'instruction prend soin de rappeler "que l’exigence de recherche de la vérité doit être combinée à la nécessité de rendre la justice dans un délai raisonnable", alors que Mme Jubillar a disparu il y a plus de trois ans et que Cédric Jubillar est incarcéré dans ce dossier depuis juin 2021.
- Echange téléphonique -
Dans sa demande de supplément d'information, le parquet n'avait pas précisé quels étaient les nouveaux éléments suscitant sa démarche, invoquant le secret de l'enquête, mais selon la presse régionale, l'un de ces faits nouveaux est la découverte d'un échange téléphonique entre un détenu et sa mère évoquant l'affaire.
Dans cette conversation placée sous surveillance, le détenu incarcéré à la prison centrale de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) pour tentative de meurtre aurait évoqué les prénoms de trois personnes, dont au moins deux apparaissent dans le dossier Jubillar.
Par ailleurs, un autre témoignage sur lequel des investigations seraient également nécessaires avait été évoqué par l'un des avocats de M. Jubillar à l'issue de l'audience de la chambre de l'instruction sur la demande du parquet général, le 18 janvier.
"C'est une situation inédite parce qu'à l'heure où des juges d'instruction ont écrit que Jubillar était coupable et qu'il fallait qu'il passe devant une cour d'assises, on nous dit qu'il y a encore des investigations à mener", a réagi devant la presse à Paris où il était pour un autre dossier, Me Alexandre Martin, l'un des avocats de M. Jubillar.
Il voit dans ce nouvel épisode la confirmation de "ce que l'on dit depuis le début, à savoir que l'on n'a cherché que dans un sens, celui de la culpabilité de Jubillar".
- Demande de mise en liberté -
"Que l'on cherche, que l'on travaille, que cela dure des mois et des années, oui, mais à un moment donné il y a un homme qui est en prison et nous allons redemander sa remise en liberté", a ajouté Me Martin.
Dans cette affaire sans corps, ni aveux, ni témoin, ni scène de crime, M. Jubillar, peintre plaquiste aujourd'hui âgé de 36 ans, nie toute responsabilité.
Delphine Jubillar, alors âgée de 33 ans, a disparu de sa maison de Cagnac-les-Mines (Tarn), où le couple vivait avec leur fille de 18 mois et leur fils de six ans, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, en plein couvre-feu lié à la pandémie de Covid-19.
A l'époque, le couple était en instance de divorce. Avant la disparition, Cédric Jubillar avait tenu des propos qui avaient heurté des membres de sa famille: "Je vais la tuer, je vais l'enterrer et personne ne la retrouvera... Si Delphine me quitte un jour...", selon l'acte d'accusation.
La disparition de cette infirmière avait suscité un important émoi en France, peu après la condamnation de Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse en Haute-Saône, qu'il avait longtemps nié en jouant le rôle du mari éploré.