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Le pouvoir iranien a célébré samedi le 44e anniversaire de la République islamique avec des rassemblements de dizaines de milliers de personnes dans les rues, en affirmant avoir vaincu le mouvement de contestation lancé en septembre.
Comme il est de tradition, les drapeaux vert-blanc-rouge et les portraits du guide suprême Ali Khamenei ont été brandis sur l'immense place Azadi ("Liberté") de Téhéran comme dans les autres villes du pays.
Les participants ont chanté des slogans anti-Etats-Unis et anti-Israël, tandis que des missiles balistiques Sejjil et des drones Shahed 136, fabriqués en Iran, étaient exposés autour de la place.
La cérémonie d'anniversaire de la révolution de février 1979 a ainsi retrouvé son importance après deux années de restrictions liées au Covid.
Elle était scrutée avec attention car il s'agissait de la première grande célébration populaire depuis le début des manifestations provoquées par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, décédée après avoir été arrêtée par la police des mœurs qui l'accusait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique.
Dans son discours prononcé place Azadi, le président Ebrahim Raïssi a affirmé que "l'ennemi avait été défait" par "la nation iranienne" qui, en se rassemblant samedi, a de nouveau "prêté allégeance" à la République islamique.
Pour lui, le "complot" ne visait pas à défendre "les femmes, la vie ou la liberté", le slogan de la contestation, mais à "menacer l'indépendance" et "la vie pacifique du peuple iranien".
Malgré "la guerre médiatique" dans les pays occidentaux, "l'Iran ne s'est pas arrêté" et a "continué à vendre son pétrole" à des pays étrangers, a-t-il ajouté.
Le président conservateur a cependant précisé que, dans un "esprit de pardon", "les bras de la nation" étaient "ouverts à tous".
- Libérés -
Quelques jours plus tôt, l'ayatollah Ali Khamenei avait décidé de gracier ou de réduire la peine d'emprisonnement d'un "nombre important" de condamnés.
Parmi les milliers de personnes arrêtées ces derniers mois, dont des personnalités de la société civile, des avocats ou des journalistes, un nombre indéterminé a retrouvé la liberté.
C'est le cas notamment de Farhad Meysami, un médecin et militant des droits humains, arrêté en juillet 2018 et libéré vendredi. Il était apparu très amaigri sur des photos après avoir entamé une grève de la faim pour réclamer notamment la fin des exécutions.
Quatre hommes arrêtés depuis septembre ont été exécutés tandis que, selon les autorités, des centaines de personnes, parmi lesquelles des membres des forces de sécurité, ont été tuées dans le contexte des manifestations, dont l'ampleur a diminué ces dernières semaines.
Les autorités ont également libéré vendredi la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, qui avait été arrêtée en 2019 et condamnée à cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale.
Plusieurs dizaines d'Occidentaux, dont six Français, restent détenus en Iran, présentés par leurs soutiens comme des "otages" utilisés par Téhéran comme leviers de négociation.
A l'approche du 44e anniversaire de la République islamique, deux de ses anciens dirigeants -- l'ancien président Mohammad Khatami et l'ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle Mir Hossein Moussavi -- ont réclamé des réformes politiques pour tenir compte du mouvement de contestation.
Evoquant une "crise de légitimité", M. Moussavi a proposé que soit organisé un "référendum libre et juste sur la nécessité ou non de rédiger une nouvelle Constitution".
Publiées dimanche dernier, les déclarations de M. Moussavi, qui vit en résidence surveillée à Téhéran, et de M. Khatami ont été critiquées par la presse conservatrice.