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Un citoyen américain, condamné à 19 ans de prison en Arabie saoudite pour avoir critiqué les autorités du royaume sur Twitter, a été libéré, a annoncé mardi son fils, qui veut désormais faire pression pour obtenir son retour aux Etats-unis.
Saad Ibrahim Almadi, un Américain de 72 ans d'origine saoudienne, avait été arrêté en 2021 pour des tweets contre la monarchie du Golfe, selon son fils Ibrahim qui ne voit que des posts au ton "modéré".
Depuis son arrestation, confirmée par le département d'Etat américain, les autorités saoudiennes sont restées muettes.
Saad Ibrahim Almadi avait été condamné en octobre 2022 à 16 ans de prison, une peine étendue à 19 ans en février dernier en appel, avant sa libération surprise dans la nuit de lundi à mardi, a déclaré à l'AFP Ibrahim, joint par téléphone depuis les Etats-Unis.
"Il a été libéré il y a cinq heures. Il est chez lui à Ryad", a-t-il ajouté.
Selon lui, Saad Ibrahim Almadi ne peut cependant pas quitter le territoire saoudien en raison d'une interdiction de voyager lui ayant été imposée l'année dernière.
Ibrahim a dit vouloir désormais faire pression pour obtenir le retour de son père aux Etats-Unis afin qu'il puisse être soigné pour des problèmes de dos et de diabète.
"Le combat continue (...) Il faut qu'il rentre pour être soigné aux Etats-Unis", a-t-il affirmé.
L'arrestation de Saad Ibrahim Almadi était intervenue à un moment où les relations entre Ryad et Washington étaient déjà tendues en raison notamment de désaccords sur la politique énergétique et la question des droits humains.
En 2022, le département d'Etat avait dit avoir fait part de ses "préoccupations" au gouvernement saoudien au sujet de cet Américain, estimant que "l'exercice de la liberté d'expression ne devrait jamais être criminalisé".
Mardi, le département d'Etat a salué cette libération tout en se refusant à donner des précisions au nom de la protection de la vie privée.
"Nous sommes au courant d'informations faisant état de la libération d'un citoyen américain de prison en Arabie saoudite et, bien sûr, nous nous félicitons de cette nouvelle", a déclaré le porte-parole Vedant Patel à des journalistes.
- "Faire pression" -
Le royaume est régulièrement épinglé par des organisations de défense des droits humains pour de graves violations, notamment sa répression contre les dissidents politiques et militantes féministes.
Il a été notamment critiqué ces derniers mois pour les peines sévères infligées à des personnes ayant formulé des critiques contre le pouvoir sur les réseaux sociaux.
En septembre, la Saoudienne Nourah al-Qahtani, mère de cinq enfants, avait été condamnée à 45 ans de prison pour avoir "défié" sur Twitter le roi et le prince héritier, selon des documents judiciaires consultés par l'AFP.
Un mois plus tôt, Salma al-Chehab, doctorante en médecine dentaire à l'université de Leeds en Angleterre, avait été condamnée à 34 ans de prison pour avoir aidé "ceux qui cherchent à troubler l'ordre public" en partageant leurs tweets sur son compte personnel, selon la même source.
Ibrahim Almadi avait communiqué l'année dernière à l'AFP une liste de tweets qui, selon lui, ont été utilisés comme preuves à charge contre son père.
Figurent notamment des posts sur la hausse des taxes, des travaux de démolition controversés en Arabie saoudite ou encore l'assassinat en 2018 du journaliste critique Jamal Khashoggi par des agents saoudiens à Istanbul.
Les autorités ont également trouvé une caricature peu flatteuse du prince héritier et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, sur le téléphone de Saad Ibrahim Almadi, selon son fils.
Ibrahim a affirmé que son père s'était engagé auprès des autorités à ne pas parler de l'affaire après sa libération, ce qui n'a pas pu être vérifié de manière indépendante par l'AFP.
Les autorités "lui ont fait signer un document dans lequel il s'est engagé à ne pas s'exprimer publiquement (...) sur sa libération. C'est donc moi qui parle de cette affaire parce que je veux faire pression pour qu'il rentre chez lui", a-t-il déclaré.