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Assassinat en Equateur : les "mercenaires" colombiens sous les projecteurs

Des ressortissants colombiens sont accusés d'avoir assassiné le président haïtien en 2021. Deux ans plus tard, les autorités équatoriennes suspectent aussi des Colombiens d'avoir tué un des favoris de la présidentielle, mettant en lumière la "spécialisation" du crime organisé dans le pays d'Amérique du Sud.

L'ancien journaliste et farouche pourfendeur de la corruption Fernando Villavicencio a été tué mercredi soir dans la capitale Quito, à la fin d'un meeting électoral. Une semaine plus tôt, il avait fait état par deux fois de menaces contre lui et son équipe.

Le principal journal local, El Universo, a affirmé qu'il avait été tué "selon la méthode des sicarios (tueurs à gages), avec trois balles dans la tête".

Deuxième dans les intentions de vote, le candidat centriste de 59 ans briguait pour la première fois la présidence de son pays, confronté ces dernières années à une vague de violence liée au trafic de drogue. Le premier tour a été maintenu au 20 août.

L'un des meurtriers présumé du candidat présidentiel est mort lors de tirs croisés avec les forces de l'ordre. Les six autres ont été arrêtés. Selon la police, ils sont tous de nationalité colombienne.

Lors de leur interpellation dans différents quartiers de la capitale, les forces de l'ordre ont mis la main sur un fusil, une mitrailleuse, des grenades et des centaines de munitions.

Selon la presse colombienne, ils ont des antécédents judiciaires dans leur pays. Certains ont déjà été condamnés pour trafic d'armes, d'autres pour vol, trafic de drogue, homicide ou violence domestique.

Le ministre de l'Intérieur équatorien Juan Zapata a confirmé jeudi l'implication de "groupes criminels organisés" dans le meurtre. "Le crime organisé est allé très loin", avait dénoncé plus tôt le président Guillermo Lasso.

Dans un message de soutien, le président vénézuélien Nicolas Maduro a fait un lien entre ce meurtre et celui du président haïtien Jovenel Moïse en juillet 2021 dans sa résidence privée de Port-au-Prince. Le dirigeant avait été tué par balles par un commando de mercenaires colombiens présumés.

- "Modèle colombien" -

"Une bande de tueurs à gages colombiens, des mercenaires, s'est rendue en Haïti pour assassiner un président", a-t-il déclaré lors d'un événement officiel. "Ces bandes criminelles de tueurs à gages sont malheureusement en train de porter au-delà des frontières le modèle colombien d'assassinats politiques", a-t-il ajouté.

Au moins dix-sept anciens militaires colombiens se trouvent dans une prison de Port-au-Prince, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat du président haïtien, mais les commanditaires ne sont toujours pas connus.

Cette macabre coïncidence met en évidence la "spécialisation" du crime organisé en Colombie et l'extension de ses tentacules sur le continent, souligne auprès de l'AFP Jorge Mantilla, chercheur colombien sur le conflit et le crime organisé.

Les deux assassinats "montrent la capacité de ces professionnels de la violence à entrer en contact avec les réseaux criminels transnationaux", poursuit-il, estimant que leur "spécialisation" résulte du conflit armé de six décennies en Colombie entre guérillas, paramilitaires, trafiquants de drogue et forces de sécurité.

Avant l'assassinat du président haïtien, la présence de militaires colombiens à la retraite, au Yémen, en Syrie, en Irak, en Afghanistan et aux Émirats arabes unis, était bien connue.

Ils y protégeaient des bâtiments pour le compte d'entreprises de sécurité controversées, telles que la société américaine Blackwater, aujourd'hui dissoute. Certains les qualifient de mercenaires.

Le président colombien Gustavo Petro a reconnu en mars que son pays avait une part de responsabilité dans l'assassinat du président Jovenel Moïse, affirmant qu'il allait se rendre en Haïti pour tenter de trouver une issue à la profonde crise qui y règne. Il est cependant resté silencieux sur l'affaire Villavicencio.

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