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"C'est la communiste pride": les communistes réunis en congrès à Marseille plébiscitent leur chef Fabien Roussel pour son "parler vrai" et sa pugnacité face aux "volontés hégémoniques" de Jean-Luc Mélenchon, sans pour autant lui donner carte blanche.
Au palais du Pharo, l'ambiance est bien différente du congrès de 2018, quand le parti s'était divisé, avec le renversement rarissime de son secrétaire national sortant Pierre Laurent par Fabien Roussel.
Celui-ci a porté le score de son texte d'orientation à 82% en janvier, et ne souffre donc d'aucune contestation pour garder la tête du parti, lundi.
Sébastien Lannoy, 43 ans, de Lens (Pas-de-Calais) s'est réencarté au PCF pendant la présidentielle après des jeunes années militantes, galvanisé par la candidature de Fabien Roussel (2,3%) et toujours séduit par son positionnement au sein de la coalition de gauche Nupes.
"Il apporte un espoir et donne l'envie collective de combattre", confie-t-il. "Il parle vrai, dans des mots que tout le monde peut comprendre".
A ses côtés, Giselle Gori, 60 ans, de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), loue aussi le "discours clair et accessible, qui ne vole pas dans les hautes sphères".
Mais selon elle, les communistes apprécient aussi que le député du Nord les défende contre "les volontés hégémoniques de La France insoumise": "Roussel est porteur de l'avis général: on n'a pas à se soumettre à un quelconque diktat".
Les communistes en avaient gros après une campagne 2017 où ils ont soutenu Jean-Luc Mélenchon du bout des lèvres et où ils ont eu l'impression d'être humiliés.
"Il y a des rancoeurs qui ne sont pas encore passées", témoigne aussi Maxence Mendes da Silva, responsable des Jeunes communistes dans l'Indre-et-Loire.
- Huis-clos -
Fabien Roussel, lui, savoure: "La campagne présidentielle nous a fait un bien fou, on redresse la tête, on ne regarde plus nos pompes !"
"C'est la communiste pride", sourit Emmanuel Maurel, chef du petit parti GRS (Gauche républicaine et socialiste), invité au congrès. "Roussel répond à quelque chose de profond dans la base, par exemple en Auvergne, à Marseille, dans le Nord-Pas-de-Calais: la synthèse entre la lutte des classes et une République sociale", compatible avec le centre-gauche.
Le député Stéphane Peu, signataire de la motion défaite en janvier, promène son spleen sur la terrasse du palais du Pharo, avec le Vieux-Port visible en contre-bas. "Je suis silencieux et triste, j'observe tout cela un peu interloqué".
Il s'efforce d'être beau joueur mais porte une critique sur la forme. Contrairement à la salle du congrès de 2018, où les tribunes des 700 délégués encadraient des quatre côtés la scène, "on n'est pas dans une salle de congrès mais dans une salle de spectacle, on est là pour applaudir et écouter, il n'y a pas de tables" pour travailler.
"Le risque est de transformer le PCF en fan club organisé autour d'une personne et tourné vers une élection, la présidentielle, alors que le PCF est historiquement opposé à la personnalisation de la Ve République", s'inquiète le député de Seine-Saint-Denis.
Le huis-clos choisi finalement pour les travaux dimanche après-midi sur les statuts du parti, et notamment sur l'éventuel renforcement des sanctions contre ceux qui dévient de la ligne officielle, ajoutent aux craintes des opposants.
Mais "la fascination est marginale", assure Maxence Mendes da Silva, pour qui des critiques sont régulièrement portées à Fabien Roussel, même de la part de ses partisans. Lui, par exemple, regrette qu'il n'y ait pas "plus de coordination pour éviter les petites phrases polémiques", parce qu'"après on doit expliquer aux gens ce qu'il y a derrière certains propos" de leur dirigeant.
Le travail d'amendement sur la base commune montre aussi que le parti reste traversé par diverses sensibilités. Ainsi, un congressiste a dénoncé au micro l'un des angles morts de la parole de Fabien Roussel: "La mention des quartiers populaires n'apparaît que deux fois dans le texte, une fois à propos de l'abstention, l'autre sur les trafics de drogue".