Accueil Actu Monde International

Biden referme sa parenthèse irlandaise sur des accents de campagne

Un voyage à dimension très personnelle, conclu sur un air de campagne: Joe Biden,visiblement regonflé à bloc après quelques jours en Irlande, a promis d'annoncer "bientôt" sa décision concernant une nouvelle candidature en 2024.

"J'ai déjà fait ce calcul. Nous l'annoncerons relativement bientôt. Mais ce voyage n'a fait que renforcer mon sentiment d’optimisme sur ce qui peut être fait", a dit le président américain aux journalistes qui l'interrogeaient sur une candidature.

"Je vous ai dit que mon projet était de me représenter", a-t-il ajouté, depuis l'aéroport régional de Knock dans l'ouest de l'Irlande.

Depuis plusieurs mois déjà, l'Amérique se demande moins si Joe Biden va se lancer, malgré son âge, mais plutôt quand il officialisera son entrée en campagne.

Le démocrate de 80 ans a donc alimenté encore les attentes, avant de s'envoler pour Dublin, où il fera escale avant de regagner les Etats-Unis, concluant un voyage entamé mardi à Belfast et qui l'a ensuite surtout emmené sur les traces de ses ancêtres en Irlande.

- Rock musclé -

Peu auparavant, il avait conclu cette visite par un discours énergique dans la petite ville de Ballin, arrivant sous les acclamations de 27.000 spectateurs sur un air de rock celtique musclé.

Il y a vanté en ces termes les valeurs partagées de l'Irlande et des Etats-Unis: "Nous nous battons pour la liberté, la démocratie".

Joe Biden avait-il en tête qu'au même moment exactement, de l'autre côté de l'Atlantique, celui qu'il affrontera peut-être à nouveau en 2024, Donald Trump, s'adressait au puissant lobby des armes, la NRA ?

Son allocution a en tout cas eu des accents très politiques.

"Même dans les périodes de noirceur et de désespoir, l'espoir nous a permis de continuer à avancer vers un avenir meilleur, fait d'une plus grande liberté, d'une plus grande dignité, de plus grandes possibilités", a encore dit le démocrate, reprenant là son argumentaire favori.

"C'est le moment de vouer à nouveau nos esprits, notre coeur et nos âmes à la cause du progrès, de poser les fondations, brique après brique, d'un meilleur avenir pour nos enfants", a clamé Joe Biden.

- "Mon âme" -

Ce discours a aussi eu une note plus intime.

"C'est comme rentrer à la maison, vraiment. Au fil des ans, les histoires d'ici sont devenues une partie de mon âme", a dit le président américain, en prenant congé de l'Irlande.

Sa visite avait pris une tournure très personnelle, lors d'une visite du sanctuaire de Notre-Dame de Knock, plus tôt dans la journée.

Le président américain, seul autre catholique à avoir conquis la Maison Blanche avec John Fitzgerald Kennedy, avait prévu de s'y recueillir en privé.

Il y a aussi rencontré, ce qui n'était pas prévu, un ancien chapelain de l'armée américaine ayant administré les derniers sacrements à son fils Beau, emporté par un cancer du cerveau en 2015, a rapporté le prêtre du sanctuaire, le père Richard Gibbons, à la BBC.

- Larmes -

"Le président pleurait, cela l'a vraiment touché, et nous avons prié pour sa famille", a raconté le prêtre.

Le démocrate, accompagné de son autre fils, Hunter, et de sa soeur Valerie, était venu sur les traces de ses ancêtres maternels, lesquels ont émigré au milieu du XIXème siècle.

Lorsqu'il a dit jeudi, à Dublin, qu'il ne "voulait plus rentrer", c'était à se demander s'il blaguait réellement, tant Joe Biden a laissé libre cours à son attachement pour l'Irlande.

Joe Biden, qui avait commencé par un passage éclair à Belfast, avait bien évoqué des sujets graves: le blocage des institutions en Irlande du Nord, la guerre en Ukraine...

Mais le démocrate s'est aussi offert une parenthèse.

Il a pris tout son temps pour discuter, serrer des mains et prendre des selfies, dans une ambiance chaleureuse qu'il ne retrouvera pas aux Etats-Unis, un pays violemment divisé politiquement, et où il n'est guère populaire.

"Vous êtes le plus irlandais des présidents américains, pas à cause de votre arbre généalogique mais par votre âme", lui a assuré vendredi le Premier ministre Leo Varadkar, en guise d'au revoir.

À lire aussi

Sélectionné pour vous