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Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le ministre américain de la Défense Lloyd Austin ont rencontré le Premier ministre australien vendredi lors de la dernière étape d'une tournée dans le Pacifique destinée à renforcer la position de Washington dans la région.
Les Etats-Unis redoublent d'efforts pour se réengager dans le Pacifique Sud, où la Chine s'est imposée comme une puissance diplomatique et militaire en plein essor.
Le déplacement de M. Blinken à Brisbane vient conclure une tournée diplomatique éclair au cours de laquelle il s'est rendu aux îles Tonga et en Nouvelle-Zélande, M. Austin arrivant lui de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Les deux responsables américains se sont entretenus avec le Premier ministre Anthony Albanese, la ministre des Affaires étrangères Penny Wong et le ministre de la Défense Richard Marles, avant les discussions officielles qui auront lieu samedi.
Si la coopération militaire devrait dominer les échanges, M. Blinken a profité de ce voyage pour signaler que des questions telles que le changement climatique et la sécurité de la chaîne d'approvisionnement figuraient aussi à l'ordre du jour.
La transition vers une énergie propre est en passe de devenir un "pilier" de l'alliance américano-australienne, a déclaré M. Blinken vendredi, lors d'une visite chez Tritium, une entreprise locale qui fabrique des bornes de recharge pour véhicules électriques.
"Tout se résume à disposer de la technologie nécessaire pour que cela fonctionne commercialement", a-t-il déclaré à la presse.
Les Etats-Unis considèrent l'Australie comme un allié utile dans leur effort pour affaiblir la forte influence de Pékin sur les secteurs émergents de l'énergie propre, tels que la fabrication de véhicules électriques.
L'Australie est l'un des plus grands producteurs mondiaux de lithium, élément clé des batteries rechargeables, mais envoie actuellement en Chine la majeure partie de son minerai pour y être traité.
"Les Etats-Unis étudient les possibilités de s'approvisionner en technologies essentielles et en composants auprès de pays alliés plutôt qu'en Chine", a déclaré le chercheur Tom Corben, du Centre d'études sur les Etats-Unis de l'université de Sydney.
"Cela s'applique aussi bien au climat qu'à la défense, étant donné l'importance accordée à des éléments tels que les batteries de nouvelle génération", a-t-il déclaré à l'AFP.
Le changement climatique apparaît aussi comme une menace pour la sécurité à part entière, à mesure que s'alourdissent les catastrophes naturelles de plus en plus graves qui frappent l'Australie et l'ensemble du Pacifique.
- Consolider les relations -
Selon le chercheur, les discussions sont l'occasion de préciser les détails d'AUKUS, le nouveau pacte de défense entre l'Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis.
Dans le cadre du "premier pilier" de cet accord, l'Australie fera l'acquisition d'une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire, présentée comme l'une des plus importantes améliorations militaires de son histoire.
L'attention se porte désormais sur le "deuxième pilier", qui concerne la cyberguerre, l'intelligence artificielle et le développement de missiles hypersoniques.
Une autre question clé susceptible d'être soulevée concerne les efforts visant à consolider les relations de longue date avec les pays du Pacifique, courtisés par la Chine.
Deux jours après le départ de M. Blinken des îles Tonga, le navire-hôpital chinois "Peace Ark" a accosté dans la capitale Nuku'alofa, où il doit offrir des services de santé gratuits à des milliers de patients.
Le navire arrive dans le royaume insulaire après avoir visité Kiribati, et naviguera également vers les Îles Salomon et Vanuatu.
Le chef du Pentagone, M. Austin, arrive en Australie depuis Port Moresby, en Papouasie Nouvelle-Guinée où les États-Unis ont signé un accord de défense au début de l'année, permettant aux troupes d'accéder à des installations militaires stratégiques.
"Tout cela s'inscrit dans le cadre d'efforts plus vastes visant à rendre le dispositif des forces américaines dans la région plus résistant en augmentant considérablement le nombre d'emplacements que les militaires chinois doivent prendre en considération", a déclaré M. Corben.