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Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a exprimé mardi à Ramallah sa tristesse après la mort de Palestiniens "innocents" dans les violences des derniers mois, déplorant pour les Palestiniens "un horizon d'espoir qui se rétrécit".
Au troisième et dernier jour de sa tournée moyen-orientale, le secrétaire d'Etat a réitéré ses appels à la désescalade après les violences israélo-palestiniennes de la semaine dernière qui ont fait craindre un nouvel engrenage.
"Toutes les parties doivent prendre des mesures pour empêcher une nouvelle escalade de la violence et rétablir le calme", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Jérusalem clôturant sa visite en soirée.
Dans la journée, M. Blinken a exprimé sa "tristesse pour la mort de civils palestiniens innocents", après sa rencontre avec le président Mahmoud Abbas à Ramallah en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël.
"Ce que nous voyons actuellement du côté des Palestiniens est un horizon d'espoir qui se rétrécit, pas un horizon qui s'élargit et ceci aussi, nous pensons, doit changer", a-t-il ajouté.
Mettant en garde contre toute démarche compromettant la solution à deux Etats, israélien et palestinien, M. Blinken a cité "l'expansion des colonies (israéliennes), la légalisation des colonies sauvages (non autorisées par le gouvernement israélien), les démolitions et les expulsions".
Quelque 475.000 Israéliens résident dans les colonies juives -illégales au regard du droit international- en Cisjordanie, où vivent environ 2,9 millions de Palestiniens.
M. Abbas a lui tenu le gouvernement israélien pour "responsable pour ce qui arrive aujourd'hui, à cause de ses pratiques qui sapent la solution à deux Etats et enfreignent les accords signés", alors que les négociations de paix pour un règlement du conflit israélo-palestinien sont au point mort depuis 2014.
- "Idées constructives" -
Au cours d'une intense séquence diplomatique ayant débuté dimanche en Egypte, M. Blinken a multiplié les rencontres avec de hauts responsables israéliens, palestiniens et égyptiens et des acteurs de la société civile.
"J'ai entendu des idées constructives sur des mesures concrètes qui peuvent être prises de chaque côté pour faire baisser la température, favoriser une plus grande coopération et renforcer la sécurité", a-t-il dit à Jérusalem, précisant que des membres de son équipe allaient rester dans la région "pour continuer les discussions" en ce sens.
"Nous ne nous faisons pas d'illusions sur le fait que les tensions accrues puissent être atténuées en une nuit, mais nous sommes prêts à soutenir les efforts", a-t-il ajouté.
Prévue de longue date, sa tournée a pris une tournure différente avec l'accès de violences meurtrières israélo-palestiniennes des derniers jours.
Vendredi, un Palestinien a tué par balles six Israéliens et une Ukrainienne près d'une synagogue à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la Ville sainte occupée par Israël, avant d'être abattu. Samedi un Palestinien a blessé deux Israéliens, un père et son fils, également à Jérusalem-Est, avant d'être blessé et arrêté.
En Cisjordanie, des gardes israéliens ont tué dimanche un Palestinien et les forces israéliennes ont tué lundi un Palestinien.
Les attaques anti-israéliennes ont eu lieu après un raid israélien le plus meurtrier depuis des années en Cisjordanie avec 10 Palestiniens tués jeudi à Jénine, suivi de tirs de roquettes de Gaza vers Israël et de frappes israéliennes de représailles.
- "Soutien absolu" -
Dans la foulée des attaques à Jérusalem-Est, le gouvernement de Benjamin Netanyahu, le plus à droite de l'histoire d'Israël, a annoncé des mesures visant à sanctionner les proches des auteurs d'attentats.
Dimanche, les forces israéliennes ont mis sous scellés la maison de la famille de l'auteur de l'attaque de vendredi, en vue de la détruire, et celle de l'assaillant ayant commis l'attaque samedi, devait être elle aussi mise sous scellés.
Cette escalade est intervenue après l'année la plus meurtrière en Cisjordanie depuis 2005, d'après l'ONU. En 2022, les violences ont fait 235 morts, à près de 90% palestiniens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
A Gaza, une enclave palestinienne sous blocus israélien depuis plus de 15 ans, le mouvement islamiste Hamas qui la dirige, a jugé que la visite de M. Blinken reflétait un "soutien absolu" à "l'occupation" israélienne.