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Un début d'année positif sur le front du chômage: le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A (sans activité) a encore enregistré une baisse significative de 1,2% en France (hors Mayotte) au premier trimestre, une "bonne nouvelle" que plusieurs facteurs amènent toutefois à "relativiser".
Au premier trimestre, le nombre de chômeurs a reculé de 36.700 inscrits par rapport au trimestre précédent, à 3,016 millions, selon les chiffres publiés mercredi par le ministère du Travail.
Sur un an, la baisse en catégorie A est de 5,9%. En incluant l'activité réduite (catégories B et C de Pôle emploi), le nombre de demandeurs d'emploi est en baisse de 0,4% au premier trimestre (-3% sur un an) et s'établit à 5,369 millions, selon la Direction des statistiques du ministère du Travail (Dares).
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a aussitôt salué ce "nouveau recul". "Nous ne lâchons rien pour poursuivre notre objectif: le plein emploi", a-t-il ajouté.
Au trimestre précédent, le chômage avait également reculé en catégorie A en dépit d'une croissance atone en fin d'année, clôturant une bonne année 2022 pour l'emploi avec 312.000 chômeurs en moins, soit une diminution de 9,3%.
Au premier trimestre, la catégorie B augmente légèrement (+0,3%) et la catégorie C enregistre une hausse de 0,9%.
En catégorie A, pour la seule France métropolitaine, le nombre de demandeurs d'emploi augmente de 0,5% pour les moins de 25 ans (+0,8% sur un an), diminue de 1,4% pour ceux âgés de 25 à 49 ans (-6,5% sur un an) et de 1,7% pour ceux âgés de 50 ans ou plus (-7,3% sur un an).
Dix régions enregistrent une baisse en catégorie A, tandis que les Hauts-de France et la Normandie sont stables et que la Corse enregistre une hausse de 2,5%.
Sur le front du chômage longue durée, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits depuis un an ou plus (en catégorie A, B, C) diminue de 2,3% (-11,2% sur un an). La part des demandeurs d'emploi inscrits depuis un an représente 44,3% (-4,1 point sur un an).
- "Pas les bonnes raisons" -
Pour Eric Heyer, directeur à l’OFCE, ces résultats ne sont "pas aussi positifs que ça en a l'air" et sont à "relativiser".
"Quand on constate pourquoi ça a baissé, les motifs de sortie" de Pôle emploi montrent des entrées en stage ou en formation ou l’arrêt des recherches qui "ne sont pas les bonnes raisons", dit-il. "Et la meilleure raison qui est la reprise d’emploi déclarée est en baisse" note-t-il, ce motif reculant de 3,4% sur le trimestre (-21,6% sur un an).
"La catégorie A a baissé, mais les autres catégories ont augmenté. Ce qui a fortement augmenté notamment, c’est la catégorie B de moins de 20 heures", observe aussi l'économiste (+3,9% sur le trimestre, +28,9% sur un an), donc des emplois "à très faible durée du travail et donc à précarité".
Il note aussi que chez les jeunes le nombre d'inscrits "augmente, donc on a l’impression que l’effet de l’apprentissage est en train de se diluer".
"Dit autrement, c’est plutôt bien mais on n'a pas la preuve encore" d’une "bonne baisse du chômage". Il renvoie aux chiffres de l'Insee attendus mi-mai pour voir si le taux d’emploi a augmenté car "si le taux de chômage baisse alors que le taux d’emploi n’augmente pas, ça veut dire que ça baisse pour de mauvaises raisons".
Pour accélérer la baisse du chômage et atteindre son objectif de plein emploi - un taux de chômage autour de 5% (contre 7,2% au 4e trimestre 2022) le gouvernement mise notamment sur la transformation de Pôle emploi en France Travail. Un projet de loi doit être présenté "début juin", a annoncé mercredi Elisabeth Borne.