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"Comme nos enfants": après le séisme en Turquie, un homme continue à prendre soin de ses pigeons

Au coucher du soleil, Murat Güzel éparpille de la nourriture pour les oiseaux sur le toit du restaurant où il travaillait avant que le séisme qui a frappé le sud de la Turquie ne détruise Antakya, sa ville.

Des oiseaux de toutes les couleurs, en grande partie des pigeons, se précipitent dès que M. Güzel, 40 ans, les appelle.

"Nous prenons soin des oiseaux comme s'ils étaient nos enfants. Et nous allons continuer à le faire", affirme-t-il.

Sur ce toit qui surplomble le vieil Antakya, il s'occupe maintenant de 40 oiseaux, après en avoir emmené 110 autres dans le village où il s'est réfugié après le séisme de magnitude 7,8 qui a dévasté la région le 6 février.

Pour atteindre le toit de ce bâtiment traditionnel, M. Güzel doit passer par une pièce qui a souffert du séisme, avec des pots de confiture brisés sur le sol, et monter un escalier étroit.

Deux grands oiseaux blancs et bruns se nichent dans un pigeonnier, plus de 20 autres se perchent sur un coin en attente de nourriture.

Avant ce séisme qui a fait plus de 43.000 morts en Turquie et en Syrie, M. Güzel était cuisinier à la Maison du petit-déjeuner d'Antakya, où des clients pouvaient savourer des olives et du fromage dans la cour de cet immeuble vieux de 300 ans.

"Nous sommes cinq à la maison et tout le monde est sain et sauf". Père de trois enfants, M. Güzel a transmis à son plus jeune fils, Eren, sa passion pour les oiseaux.

-"Rose blanche"-

"Tous les matins, nous venons voir nos oiseaux pour les nourrir et s'occuper d'eux", raconte-t-il.

Renforcé avec des poutres en acier, l'immeuble n'a souffert que de dégâts superficiels alors que plusieurs autres bâtiments ont été détruits dans le coeur historique de la ville.

Avant le désastre, Antakya était une destination privilégiée des amateurs de tourisme gastronomique, avec ses plats et desserts traditionnels reflétant les multiples civilisations qui y ont laissé une trace.

De nombreux orangers de la ville qui ont pu résister aux secousses sont à moitié ensevelis sous les ruines des murs en pierre et des portes en bois.

Tenant un pigeon blanc dans ses mains qu'il a surnommé "Rose blanche", M. Güzel explique l'importance des ailes en bonne santé pour la survie d'un oiseau, alors qu'au loin, on entend le bruit des excavateurs qui déblayent les ruines.

M. Güzel a hérité son amour des oiseaux de son père qui a pourtant abandonné cette passion à la naissance de son fils.

L'élevage des pigeons est une activité traditionnelle très populaire dans le sud de la Turquie, en particulier dans les régions à majorité kurde où les fientes de ces oiseaux sont utilisés comme engrais dans la culture de pastèques.

M. Güzel et son frère se sont offerts leur premier oiseau à l'adolescence et ont depuis enrichi leur collection. "Nous les aimons autant que les humains. Peut-être même plus".

Trois ou quatre de ses oiseaux ont disparu après le séisme, mais ont été remplacés par une cinquantaine d'autres venus se réfugier sur le toit où il nourrit ses pigeons, probablement parce que les personnes qui s'en occupaient sont mortes, dit-il.

Pour M. Güzel, ses pigeons, ainsi que ceux venus d'ailleurs, les "visiteurs", l'aident à réduire son stress, depuis le séisme.

Même s'il ne vit plus à Antakya, il vient tous les jours de son village pour s'occuper de ses pigeons. "Tant qu'ils seront là, je serai là aussi", dit-il.

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