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Trois mineurs morts en 2022, un adolescent de 16 ans poignardé au début de l'année 2023. A chaque drame se repose la question de la difficile prévention des rixes, violentes et parfois meurtrières, entre jeunes, qui préoccupe autorités et associatifs.
Lundi, Tidiane, 16 ans, a été poignardé à mort devant son lycée à Thiais, dans le Val-de-Marne. Quatre adolescents, âgés de 15 à 16 ans, ont été mis en examen pour "homicide volontaire en bande organisée" et écroués mercredi soir.
Comme souvent, ce fait divers trouve, selon les premiers éléments de l'enquête, son origine dans des rivalités anciennes et héritées entre bandes de quartiers, dans ce cas entre les villes limitrophes de Thiais et Choisy-le-Roi.
En 2022, au moins trois mineurs sont décédés des suites de violentes rixes en région parisienne.
En novembre, un adolescent de 16 ans a été mortellement poignardé à l'abdomen dans le XVIIe arrondissement de Paris lors d'un affrontement entre bandes rivales de la Porte d'Asnières et de la Porte de Saint-Ouen.
La préfecture de police de Paris (PP), compétente pour la capitale et les départements de la petite couronne, suit 45 bandes, dont les deux tiers à Paris et en Seine-Saint-Denis.
Une bande, c'est "a minima trois personnes rattachées à un quartier" et composée de "15 à 20 personnes", principalement des garçons, avec une moyenne d'âge de 17 ans, détaille Gilles Petitcolin, chef de la cellule mise en place en 2010 à la PP.
- TikTok et Snapchat -
Lors de leurs affrontements, ces adolescents privilégient les armes blanches, comme l'Opinel numéro 13 et sa lame d'une longueur de 22 centimètres.
En 2022, les autorités ont recensé 279 blessés pendant ces affrontements, contre 295 l'année précédente.
Pour juguler ce phénomène, les autorités s'efforcent d'éviter les passages à l'acte violents dès l'apparition d'une étincelle pouvant conduire à la confrontation et, surtout, de déjouer les "matches retour".
Depuis un homicide en 2020, une boucle d'alerte WhatsApp a été mise en place réunissant polices (municipale et nationale), justice, bailleurs sociaux, élus, Education nationale et éducateurs, rappelle le maire LR du XVIIe, Geoffroy Boulard.
Elle fonctionne "à partir d'informations qui viennent du terrain, des professionnels au contact des jeunes qui identifient les risques possibles de rixe et de passage à l'acte", détaille l'édile.
"Nous avons régulièrement des alertes, en général ça marche. Nous avons déjoué au moins une dizaine (de rixes) depuis deux ans", affirme Geoffroy Boulard.
Les travailleurs sociaux investissent les réseaux sociaux d'où commencent parfois les provocations qui finissent en drame: TikTok, Snapchat, Instagram...
En Seine-Saint-Denis, où au moins quatre mineurs ont été tués depuis 2015, la lutte contre les rixes passe aussi par une boucle de messagerie.
- Voyage en Espagne -
Les villes de Bagnolet et des Lilas ont signé en mai 2022 une convention quelques mois après le décès d'Ibrahima, un lycéen bagnoletais de 16 ans sans histoire et passionné de football. Son homicide aux Lilas a agi comme un électrochoc pour les municipalités.
Au-delà de la prévention du risque imminent via ces systèmes d'alerte, la convention vise également le long terme pour casser au plus tôt le ressentiment interquartiers, en visant en priorité les 11-14 ans.
Des temps d'échange entre parents ont également été instaurés et des activités sportives et culturelles entre jeunes des deux villes multipliées.
Un premier bilan est prévu début 2023.
Ces initiatives se sont déclinées à Champigny-sur-Marne en un voyage en Espagne organisé quelques mois après un épisode violent et deux blessés graves en mars 2021 entre deux quartiers de la ville, les Mordacs et les Boullereaux.
"Comme ils ne parlaient pas espagnol, il fallait qu'ils se parlent entre eux. Au début, c'était très tendu. Et puis au fur et à mesure cela s'est détendu", explique Greg, de l'association Mordactif Jeunesse, en évoquant ce séjour qui réunissait "les têtes les plus dures des bandes des deux quartiers".
"Pour l'instant, on a réussi" à éviter de nouvelles violences, appuie-t-il en regrettant un manque de budget pour pérenniser ce type d'initiatives.
"Tout n'est pas réglé", concède Greg, mais "aujourd'hui quand ils se croisent ils s'ignorent mais ne se donnent plus de coups de couteau".
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