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Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) tient lundi soir son traditionnel dîner "républicain", en présence de la Première ministre Elisabeth Borne, pour "un dialogue exigeant" sur l'antisémitisme et plus largement sur la "cohésion sociale".
Le chef de l'Etat est habituellement l'invité central de ce rendez-vous qui rassemble politiques, ambassadeurs, religieux, syndicalistes, artistes, personnalités des médias, etc., réunis au Carrousel du Louvre à Paris.
Mais l'an dernier, Jean Castex, chef du précédent gouvernement, avait remplacé Emmanuel Macron, ce dernier ayant été retenu par un Conseil européen extraordinaire, au commencement de la crise russo-ukrainienne.
Cette année, c'est Elisabeth Borne, dont le père, de confession juive, a été déporté, puis a mis fin à ses jours quand sa fille avait 11 ans, qui représentera l'exécutif. Elle y prononcera un discours. Et ce, deux semaines tout juste après avoir présenté un nouveau plan de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations liées à l'origine pour les années 2023-2026.
Ce plan prévoit notamment "l'organisation d'une visite d'histoire ou de mémoire liée au racisme, l'antisémitisme ou l'antitsiganisme pour chaque élève durant sa scolarité" et renforcement de la formation des agents de la fonction publique, dont les enseignants.
"Le dîner est à la fois un moment de célébration de l'ancrage juif dans l'Histoire de France et un moment de dialogue exigeant autour des questions liées à l'antisémitisme, à l'état de la société française, à la cohésion sociale qui s'effrite", affirme à l'AFP Yonathan Arfi, le nouveau président du Crif.
Il dit attendre "du gouvernement qu'il affirme la volonté politique du combat contre l'antisémitisme, dans toutes ses formes". Après la présentation du plan triennal, le Crif sera ainsi attentif "aux moyens" et "aux efforts de formations" qui seront faits, ajoute-t-il.
Vitrine politique de la première population juive d'Europe (environ 500.000 personnes), le Crif rassemble quelque 70 associations, telles que le Fonds social juif unifié ou l'Union des étudiants juifs de France.
Les actes antisémites ont baissé en 2022 par rapport à l'année précédente, passant de 589 à 436, selon un décompte rendu public en janvier par le Crif, à partir de données du Service de protection de la communauté juive (SPCJ, organisation privée qui a pour vocation la protection de la vie juive), qui dit travailler en lien avec le ministère de l'Intérieur.
Cette baisse (de 26%) est cependant à "relativiser", avance M. Arfi, notamment parce qu'il ne s'agit que "des chiffres enregistrés en commissariat". Selon lui, il faut prendre en compte le fait que l'antisémitisme "prend différents visages", que sont "l'islamisme, le complotisme et la haine d'Israël".