Accueil Actu Monde International

En Espagne, le spectre du retour de l'instabilité politique

L'Espagne, qui voit de nouveau planer le spectre du blocage politique après les législatives de dimanche, a déjà connu des années d'instabilité chronique avec quatre élections générales en quatre ans dans la deuxième partie des années 2010.

- Décembre 2015: le bipartisme vole en éclats -

Les législatives du 20 décembre 2015 marquent la fin du bipartisme entre le Parti populaire (PP, conservateur) de Mariano Rajoy, qui arrive en tête mais perd sa majorité absolue, et le Parti socialiste (PSOE) de l'actuel Premier ministre Pedro Sánchez, deuxième et qui recule également.

Deux nouveaux partis, Podemos, de gauche radicale, et Ciudadanos, de centre-droit, entrent en force dans un parlement émietté comme jamais depuis le rétablissement de la démocratie après la mort du dictateur Franco en 1975.

Devant l'impossibilité de former un gouvernement, de nouvelles élections sont convoquées, le 26 juin 2016. Elles voient le PP progresser légèrement mais le blocage persiste pendant plusieurs mois.

- Octobre 2016: Rajoy réinvesti dans la douleur -

Finalement, Mariano Rajoy est réinvesti le 29 octobre à la tête du gouvernement grâce aux voix de Ciudadanos et à l'abstention d'une partie des socialistes. Ces derniers ont évincé peu de temps avant Pedro Sánchez, partisan du "non" coûte que coûte à Rajoy, le tenant responsable du pire résultat électoral des socialistes depuis 40 ans.

- Juin 2018: Sanchez renverse Rajoy -

Le 24 mai, le PP est condamné dans une affaire de corruption. Pedro Sánchez, revenu à la tête du Parti socialiste, dépose une motion de censure contre Mariano Rajoy qui est adoptée le 1er juin, grâce aux voix de Podemos, des nationalistes basques et des indépendantistes catalans, l'investissant automatiquement à la tête du gouvernement.

- Février 2019: budget rejeté, élections convoquées -

À la tête d'un gouvernement ultra-minoritaire, Sánchez tente de faire adopter un budget dans l'espoir de gouverner jusqu'à la fin de la législature en juin 2020. Mais les négociations avec les indépendantistes catalans échouent, juste après l'ouverture à Madrid du procès de leurs leaders pour la tentative de sécession de 2017.

Il se retrouve alors contraint de convoquer des législatives anticipées pour le 28 avril.

- Septembre 2019: Sanchez sans soutiens

Vainqueur du scrutin d'avril, le socialiste devient le seul à même de former un gouvernement. Mais il ne parvient pas à s'assurer du soutien de Podemos, qui juge insuffisants les postes de ministres qui lui sont proposés, ni de l'abstention de Ciudadanos et du Parti Populaire lors d'un vote d'investiture. Face au blocage, de nouvelles élections sont convoquées pour le 10 novembre.

- Janvier 2020: gouvernement de coalition

Remportant de nouveau le scrutin de novembre, Sánchez parvient à être reconduit au pouvoir en janvier 2020 après un mariage de raison avec Podemos qui donne naissance à un gouvernement minoritaire de coalition.

S'en suivent trois ans de stabilité même si les tensions sont récurrentes au sein de l'exécutif qui doit en outre systématiquement négocier le soutien des partis basques et catalans pour faire passer ses réformes.

Battu lors d'élections locales le 28 mai 2023, le socialiste convoque à la surprise générale des législatives anticipées le 23 juillet, soit plus de quatre mois avant la date prévue.

- Juillet 2023 : la surprise

Le résultat de ce scrutin a déjoué tous les pronostics. Arrivé en tête, le PP reste loin de la majorité absolue, même avec le soutien de l'extrême droite de Vox, son seul allié potentiel.

Pedro Sánchez conserve, lui, une chance de se maintenir de justesse au pouvoir avec le soutien de la gauche radicale et des partis basques et catalans. Mais si le blocage se poursuit après plusieurs mois de tractations, de nouvelles élections devront être organisées.

À lire aussi

Sélectionné pour vous