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Foot: Au Brésil, les jeunes partent plus tôt, les anciens rentrent tard

Le joyau Endrick, 16 ans à peine, vendu au Real Madrid, Marcelo, de retour à Fluminense: les deux transferts les plus emblématiques de ces derniers mois au Brésil en disent long sur la fuite des talents chez les quintuples champions du monde où les jeunes partent de plus en plus tôt alors que les anciennes gloires rentrent au bercail souvent en toute fin de carrière.

Ce phénomène n'est pas une nouveauté, mais il est de plus en plus exacerbé, dans le pays le plus actif au monde sur le marché des transferts (2.061 Brésiliens ont changé de club l'an dernier, selon la Fifa).

La convoitise des clubs européens pour les pépites brésiliennes s'est intensifiée depuis le transfert controversé de Neymar au FC Barcelone, en 2013, explique à l'AFP l'agent Guilherme Momensohn.

Son club formateur, Santos, avait réussi à le retenir quelques années, le temps de gagner notamment une Copa Libertadores en 2011, mais avait fini par le vendre au Barça pour un montant estimé à 83 millions d'euros.

Des grosses cylindrées comme le Real -- qui était également sur les rangs pour recruter Neymar il y a dix ans -- veulent s'attacher les services des jeunes talents le plus tôt possible, comme il l'ont fait pour Vinicius Jr, Rodrygo et maintenant Endrick, acheté 72 millions d'euros à Palmeiras.

Les dirigeants madrilènes ont accepté de débourser des sommes astronomiques pour les voir débarquer à 18 ans et éviter de devoir casser encore plus leur tirelire pour les recruter une fois qu'ils auront fait leurs preuves dans le vieux continent.

- Potentiel incertain -

"Les grands clubs européens veulent être sûrs d'avoir dans leurs rangs les futurs stars du foot", explique Guilherme Momensohn.

"Et en les faisant venir plus jeunes, ils peuvent parfaire leur formation pour qu'ils s'adaptent au rythme de jeu en Europe. Certains jouent d'abord pour l'équipe B", poursuit-il.

Endrick, qui n'avait que sept matches de championnat brésilien dans les jambes quand son transfert a été annoncé, à la mi-décembre, va encore rester un an et demi à Palmeiras: il ne rejoindra Madrid qu'à ses 18 ans, en juillet 2024.

"Vu la maturité qu'il montre pour son âge, il sort clairement du lot. C'est pour ça que le Real l'a payé aussi cher", a déclaré en janvier l'entraîneur portugais de Palmeiras Abel Ferreira.

Chelsea, grand agitateur du dernier mercato, a aussi jeté son dévolu sur un diamant brut brésilien: le milieu Andrey Santos, de Vasco, recruté pour 10 millions d'euros.

Capitaine de l'équipe du Brésil championne sud-américaine des moins de 20 ans, il n'a jamais joué en première division. Mais il a été appelé pour la première fois vendredi pour disputer un match amical avec la grande "seleçao" contre le Maroc.

Les clubs brésiliens n'hésitent pas à laisser partir leurs espoirs très tôt, préférant "saisir l'opportunité d'amasser de grandes quantités d'argent grâce à la vente de joueurs dont le potentiel exact est encore incertain", dit Guilherme Momensohn.

- Séduire les anciennes gloires -

Dans le sens inverse, le Brésil ne réussit à rapatrier des joueurs que lorsqu'ils sont en perte de vitesse en Europe.

La plupart arrivent libres, sans indemnité de transfert, et acceptent un salaire moins élevé pour une dernière pige dans leur pays, séduits par des projets sportifs ambitieux ou par l'idée de revenir dans leur club de coeur.

Pas moins de neuf internationaux brésiliens ayant joué au moins une Coupe du Monde seront en lice pour la prochaine édition du championnat brésilien, qui débute en avril: David Luiz, Filipe Luís, Hulk, Paulinho, Renato Augusto, Fagner, Fernandinho, Felipe Melo et Marcelo.

Certains ont montré qu'ils avaient encore de beaux restes, comme Hulk, 36 ans, qui a été le grand artisan du doublé coupe-championnat de l'Atlético Mineiro en 2021.

D'autres ont déçu, comme les défenseurs Miranda et Dani Alves, au Sao Paulo FC.

C'est à présent à Marcelo, 34 ans, de montrer qu'il n'est pas seulement venu en pré-retraite.

Longtemps considéré comme l'un des meilleurs au monde au poste de latéral-gauche, le quintuple champion d'Europe avec le Real est pourtant loin de son meilleur niveau depuis plusieurs années.

Sa dernière expérience en Europe, à Olympiakos, a tourné court, après seulement cinq mois et une dizaine de matches joués.

Mais le président de Fluminense, Mario Bittencourt, assure que Marcelo représente "un grand apport technique", mais aussi un bénéfice en termes "d'image de marque".

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