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G7: la Chine et l'Ukraine au centre de la rencontre des ministres des Affaires étrangères

Les chefs de la diplomatie des pays du G7 se réunissent à partir de dimanche dans la ville touristique japonaise de Karuizawa (centre) pour des discussions qui s'annoncent dominées par la pression croissante de la Chine sur Taïwan et le conflit en Ukraine.

L'agenda diplomatique des derniers jours a notamment été dominé par l'Asie de l'Est, avec le lancement jeudi par la Corée du Nord de ce qu'elle a affirmé être un "nouveau type" de missile balistique intercontinental (ICBM) à combustible solide, après avoir multiplié ces derniers mois ses essais d'armes.

Quelques jours plus tôt, la Chine avait mené des manoeuvres militaires autour de Taïwan, simulant des attaques et un blocus de l'île qu'elle considère comme faisant partie de son territoire.

Le G7 a régulièrement mis en garde Pékin contre toute tentative de changement par la force du statu quo concernant Taïwan, et certains de ses membres ont tiré ces derniers jours la sonnette d'alarme.

"Une escalade militaire dans le détroit de Taïwan serait un scénario catastrophe pour le monde entier", a estimé la ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock vendredi à Pékin.

- "Liberté de manoeuvre" -

Mais les formulations du communiqué commun du groupe des principaux pays industrialisés seront scrutées de près après les récents propos du président français Emmanuel Macron, qui au retour de sa visite en Chine a déclaré que l'Europe ne devait pas être prise dans "des crises qui ne seraient pas les nôtres", irritant certains de ses alliés.

L'entourage du président s'est cependant efforcé de désamorcer ces propos en assurant que la position française n'avait pas changé, et nombre d'observateurs s'attendent à ce que le G7 réitère ses positions mettant en garde la Chine contre toute tentative de modifier le statu quo concernant Taïwan.

Pour Paul Nadeau, enseignant de Sciences politiques au campus japonais de l'université Temple, les déclarations de M. Macron trahissent une réalité: "Chaque membre (du Groupe) souhaite conserver une liberté de manoeuvre dans la manière dont il gère ses relations avec la Chine", politiquement et commercialement, estime-t-il.

Le consensus sera ainsi sans doute plus facile à obtenir au sujet de l'Ukraine, l'occasion pour l'hôte japonais du sommet de souligner sa certitude que l'invasion russe ne fait qu'accentuer la nécessité de redoubler de vigilance en Asie.

Le Premier ministre Fumio Kishida, dont le gouvernement a approuvé fin 2022 une révision majeure de sa doctrine de défense face à la montée en puissance chinoise, a ainsi averti à plusieurs reprises que "l'Asie pourrait être l'Ukraine de demain".

Le Japon s'est joint dès le début du conflit aux puissances occidentales du G7 pour imposer des sanctions à Moscou, envoyant également du matériel défensif et accueillant des réfugiés ukrainiens.

- Rencontre sous haute sécurité -

Mais "l'enjeu, au-delà de chercher de nouvelles entités et secteurs à sanctionner, est de s'assurer que les sanctions ne soient pas contournées et qu'on arrive bien à couper les ressources" de la Russie, a estimé une source diplomatique française.

Le sommet pourrait donc ne pas déboucher sur des mesures radicalement nouvelles mais ses participants devraient s'attacher à soutenir les efforts en matière de poursuites pénales des crimes de guerre et souligner leurs inquiétudes sur les menaces de la Russie en matière d'armement nucléaire.

Le conflit en Ukraine et la montée des tensions sino-américaines ont aussi mis l'accent sur la question de la sécurité économique et sur la nécessité de diversifier les chaînes d'approvisionnement, dans le domaine de l'énergie comme dans celui des semi-conducteurs.

Le Japon a récemment annoncé, après les Etats-Unis et les Pays-Bas, des mesures de contrôle des exportations d'équipements liés aux puces électroniques, une décision visant clairement la Chine, qui a protesté auprès de l'OMC.

Les discussions des chefs de la diplomatie du G7 devraient également aborder les autres crises internationales, de la prise de pouvoir en Afghanistan par les talibans aux dernières attaques de la junte militaire en Birmanie, en passant par l'espace, la cybersécurité et la désinformation.

Cette réunion ministérielle, qui devrait se tenir sous surveillance renforcée après qu'un jet d'engin explosif a visé samedi Fumio Kishida sans le toucher lors d'un événement électoral, devrait enfin préparer le terrain pour le sommet des chefs d'Etat du G7, prévu en mai à Hiroshima.

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