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Gaza: Israël intensifie ses frappes à Rafah, pourparlers sur une trêve

L'armée israélienne a intensifié jeudi ses frappes sur Rafah, accentuant les craintes sur le sort de plus d'un million de Palestiniens coincés dans cette ville de la bande de Gaza, sur fond de nouvelles tractations pour parvenir à une trêve entre Israël et le Hamas.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui a conclu jeudi une tournée régionale visant à encourager les efforts pour obtenir un arrêt des combats, a exhorté la veille son allié israélien à "protéger" les civils dans ses opérations militaires à Gaza, déclenchées en représailles à l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre.

Mais le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné de préparer une offensive sur Rafah, ville tout au sud de la bande de Gaza, à la frontière fermée avec l'Egypte, où s'entassent 1,3 million de Palestiniens dont la grande majorité sont des personnes déplacées par les affrontements des derniers mois.

M. Blinken a quitté Israël en début d'après-midi après avoir plaidé durant sa tournée pour un accord de trêve permettant l'acheminement de davantage d'aide dans la bande de Gaza assiégée, où la situation humanitaire est "cauchemardesque" selon l'ONU, et pour la libération des otages israéliens retenus dans le territoire palestinien.

- "Cauchemar humanitaire" -

Sur le terrain, des témoins et des sources hospitalières ont fait état de frappes mortelles nocturnes dans le sud du territoire, notamment à Rafah, le ministère de la Santé du Hamas dénombrant au total 130 morts au cours des dernières 24 heures.

Selon un journaliste de l'AFP, l'armée israélienne a mené sept frappes aériennes à Rafah. La maison d'un chef de la police locale a notamment été touchée selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Ces bombardements sont la preuve que Rafah n'est pas un lieu sûr", lance Oum Hassan, 48 ans, dont la maison proche a été endommagée par la frappe.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a prévenu qu'un assaut sur Rafah "augmenterait de façon exponentielle ce qui est déjà un cauchemar humanitaire".

Pour Bob Kitchen, de l'ONG International Rescue Committee (IRC), si Rafah connaît le même sort que les villes de Gaza et Khan Younès, plus au nord et intensément pilonnées depuis le 7 octobre, les agences d'aide pourraient ne plus être en mesure de subvenir aux besoins essentiels de la population.

"Si les civils ne sont pas tués dans les combats, les enfants, femmes et hommes palestiniens risquent de mourir de faim ou de maladie", a-t-il prévenu.

"En ce qui concerne Rafah (...) Israël a (...) l'obligation de faire tout ce qui est possible pour s'assurer que les civils soient protégés et qu'ils aient accès à l'aide dont ils ont besoin", avait affirmé mercredi M. Blinken après avoir rencontré M. Netanyahu.

- "Terroristes" tués -

La guerre a été déclenchée le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, où le mouvement a pris le pouvoir en 2007, ont mené dans le sud d'Israël une attaque qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Environ 250 personnes ont également été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 132 otages sont toujours détenus sur place, dont 29 seraient morts.

En représailles, Israël, qui considère le Hamas comme une organisation terroriste, tout comme les Etats-Unis et l'Union européenne, a juré de "détruire" ce groupe et a lancé une offensive qui a fait au moins 27.840 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, faisant état également de 67.317 blessés.

L'armée a indiqué jeudi qu'elle menait des opérations dans le nord et le sud de la bande de Gaza, disant avoir notamment arrêté deux "terroristes" ayant pris part à l'attaque du 7 octobre.

Pour sa cinquième tournée dans la région depuis le début de la guerre, M. Blinken a soutenu une proposition de trêve élaborée par des responsables américains, qataris et égyptiens fin janvier à Paris, à laquelle le Hamas a répondu.

S'il a estimé que des éléments de la réponse du Hamas étaient "inacceptables", il a dit néanmoins espérer une seconde trêve après celle d'une semaine en novembre qui avait notamment favorisé la libération d'otages à Gaza et de prisonniers palestiniens détenus en Israël.

- Discussions au Caire -

Au Caire, un "nouveau cycle de négociations", parrainé par l'Egypte et le Qatar avec la participation du Hamas, a débuté jeudi pour obtenir "le calme dans la bande de Gaza" ainsi qu'un échange de prisonniers palestiniens et d'otages, a annoncé un responsable égyptien à l'AFP.

"Nous nous attendons à des négociations très (...) difficiles, mais le Hamas est ouvert aux discussions et désireux d'arriver à un cessez-le-feu", a expliqué un responsable proche du mouvement islamiste palestinien.

La guerre à Gaza exacerbe par ailleurs les tensions au Moyen-Orient entre d'un côté Israël et ses alliés, dont Washington, et de l'autre le Hamas et ses soutiens.

L’armée israélienne a fait état jeudi de tirs provenant du Liban sur le nord d’Israël, blessant grièvement un soldat. Depuis le 7 octobre, le mouvement islamiste libanais Hezbollah, allié du Hamas, revendique régulièrement des tirs vers Israël qui riposte.

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