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Au moins sept personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées samedi en Inde dans des affrontements liés à des scrutins locaux au Bengale-occidental, théâtre de violences politiques récurrentes pendant les campagnes électorales.
Le parti Bharatiya Janata (BJP) au pouvoir en Inde a multiplié ses efforts au cours des dernières années pour s'implanter au Bengale-occidental – dirigé par le parti communiste pendant une grande partie de son histoire – afin d'y étendre sa portée.
Les électeurs votent samedi dans un contexte de vive tension électorale pour désigner des responsables municipaux parmi plus de 200.000 candidats à travers tout le Bengale-occidental, un Etat qui compte plus 104 millions d'habitants.
"Sept personnes ont été tuées et des dizaines blessées dans des violences liées aux élections dans différents villages de l'Etat", a déclaré à l'AFP Jawed Shamim, un haut responsable de la police du Bengale-occidental dans le nord-est de l'Inde.
Des images diffusées par des médias locaux montrent des membres de partis rivaux parcourant les rues avec des matraques, ainsi que des urnes arrachées et incendiées à l'extérieur des bureaux de vote.
Une forte présence sécuritaire a été déployée devant certains bureaux.
Plus de 200 bombes artisanales - fréquemment utilisées pendant les élections au Bengale-occidental et vendues à bas prix au marché noir pour mutiler ou intimider des électeurs - ont également été saisies pendant les élections, a indiqué la police.
Le responsable de la commission électorale de l'Etat, Rajiv Sinha, a déclaré à la chaîne de télévision locale Republic que son bureau avait reçu plus de 1.300 plaintes pour fraude électorale, ingérence dans les isoloirs et "incidents sporadiques de violence".
"Nous ne pouvons pas prétendre que le scrutin a été pacifique", a-t-il souligné.
Le Bengale-occidental est dirigé par la cheffe du parti Trinamool, Mamata Banerjee, depuis 2011, lorsque sa formation a battu l'administration dirigée par les communistes à la tête de cet Etat au cours des trois décennies précédentes.
Mamata Banerjee, qui est une féroce critique du Premier ministre Narendra Modi, a accusé son parti nationaliste hindou, le BJP, de tenter d'importer une politique sectaire de division dans l'Etat, qui compte une importante minorité musulmane.
Narendra Modi a à son tour accusé l'administration de Mamata Banerjee de corruption endémique.
Mais les racines de la violence politique dans cet Etat remontent à des décennies, la police ayant enregistré des milliers de meurtres au moment des élections depuis les années 1960.
Lors des élections dans cet Etat en 2021 – remportées haut la main par Trinamool mais avec toutefois une forte percée du BJP – plusieurs militants de ces deux partis ont été tués par balle ou à coups de couteau, et certains de leurs corps ont été suspendus à des arbres.