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"J'espérais encore": une famille indonésienne fait ses adieux à une victime du séisme

Quand la dépouille de Husein, un père de quatre enfants, a été déposée dans une tombe fraichement creusée, ses proches se sont effondrés, certains lançant des plaintes si fort qu'elles résonnaient dans les collines environnantes.

Ces scènes se répètent par dizaines cette semaine autour de Cianjur, ville de l'Ouest de l'île indonésienne de Java frappée lundi par un séisme qui a fait plus de 268 morts.

A mesure que les familles récupèrent les dépouilles dans les morgues, elles font leurs adieux à leurs proches victimes du séisme dans des cérémonies organisées rapidement pour se conformer aux rites islamiques.

Husein, un ouvrier du bâtiment âgé de 48 ans, travaillait à la construction d'une maison avec trois autres hommes quand le séisme a ébranlé lundi son village.

De nombreux bâtiments se sont effondrés sur leurs habitants et des glissements de terrains ont enseveli d'autres victimes dans cette région vallonnée proche de l'épicentre.

L'un des collègues de Husein, qui ne porte qu'un nom comme de nombreux Indonésiens, a aussi péri dans la catastrophe.

"C'est un désastre", se lamente Yunisa Yuliani, la nièce trentenaire de l'ouvrier pendant l'enterrement organisé mardi dans le village de Gasol, l'une des localités qui a subi le plus de dégâts.

"C'est difficile de regarder ses enfants, ils sont si jeunes. Ils demandent sans cesse où est leur père. Comment leur expliquer?".

Plusieurs nièces s’agrippent les unes aux autres. Un homme en pleurs est tellement affecté qu'il doit être soutenu par deux de ses amis.

Observant le corps du défunt, ramené du chantier à cinq minutes à pied, sa soeur est inconsolable.

"Je viens de perdre un frère il y a 10 jours, d'une appendicite et maintenant je viens de perdre un autre frère", dit la soeur de Husein, Siti Rohmah, qui a 43 ans.

- Linceul blanc et batik -

L'ouvrier du bâtiment laisse une fille de trois ans qui ne comprend pas encore très bien qu'elle a perdu son père.

Son fils aîné, la vingtaine, regarde calmement quand on creuse la tombe de son père. Un autre fils de sept ans pleure dans les bras d'un membre de la famille alors que des voisins commencent le rituel de la toilette mortuaire.

La femme de Husein n'a pas pu assister à l'enterrement car elle travaille en Arabie saoudite.

"J'espérais encore" qu'il soit vivant, parmi les disparus, dit la soeur. "Je prie Dieu pour qu'il reconnaisse ses bonnes actions et lui facilite le voyage" vers l'au delà.

Le corps a été étendu sur une bâche posée sur la route. Il est recouvert d'un linceul blanc et d'un tissu en batik traditionnel indonésien. Une dizaine d'hommes le surplombent en disant des prières, suivant les rites observés dans le pays qui compte la plus grande population musulmane au monde.

Quand la dépouille est déposée dans la tombe, des hommes scandent des prières, d'autres ont le regard baissé et se recueillent.

Des tiges de bambou et des feuilles de bananier sont ensuite placées dans la tombe, avant d'être recouvertes de terre.

"J'espère que mon oncle est mort en paix", dit Yunisa Yuliani.

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