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A Khan Younès, des Palestiniens déplacés veulent un cessez-le-feu pour rentrer chez eux

Pourquoi une trêve s'ils ne peuvent rentrer chez eux? A Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, l'accord qui doit permettre d'échanger otages israéliens et détenus palestiniens ne convainc pas les déplacés, éreintés par la guerre.

Maysara Assabagh a été chassé de chez lui, dans le nord de la bande de Gaza, dévasté par les bombardements et désormais aux prises avec une grave crise humanitaire. Comme lui, plus de 1,7 million de personnes sont déplacées dans la bande de Gaza, peuplée de 2,4 millions d'habitants.

"De quelle trêve parlent-ils?", lance-t-il, en exigeant le retour des déplacés vers le nord, au 47e jour de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien.

Exsangue, il a trouvé refuge à l'hôpital Nasser de Khan Younès, qui abrite quelque 35.000 déplacés. "Une trêve pour faire entrer de l'aide, nous n'en voulons pas. Nous voulons rentrer chez nous", insiste-t-il.

"Toute cette guerre est une injustice".

Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas ont annoncé mercredi la conclusion d'un accord prévoyant la libération de 50 otages retenus dans la bande de Gaza en échange de 150 prisonniers palestiniens et d'une trêve de quatre jours. Il s'agit du premier signe de répit depuis le début de la guerre le 7 octobre.

Yasser Al-Houwaiti, 55 ans, considère la trêve comme une simple "poudre aux yeux, après quoi la guerre reprendra".

Déplacé de Gaza-ville, il vit désormais dans une tente à l'hôpital Nasser: "Aujourd'hui, nous endurons les souffrances de la guerre, et demain celles de nos maisons détruites. Où allons-nous vivre et comment reconstruirons-nous?"

A proximité de l'hôpital Nasser, plusieurs déplacés cherchent de quoi se nourrir dans les étals d'un marché populaire, alors que la pénurie d'aliments et d'eau se fait durement ressentir.

La trêve suffit à peine "pour retirer nos martyrs des rues et des décombres. Nous ne voulons pas d'une trêve pour faire entrer de l'aide. Nous voulons un cessez-le-feu complet et notre retour chez nous", insiste M. Houwaiti.

- "Victoire" -

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, menée depuis Gaza, où le mouvement palestinien a pris le pouvoir en 2007.

Selon les autorités israéliennes, au moins 1.200 personnes ont été tuées, en majorité des civils, et environ 240 personnes emmenées à Gaza. En réponse, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas, pilonnant depuis sans relâche la bande de Gaza. L'armée israélienne y mène également une offensive terrestre depuis fin octobre.

Selon le gouvernement du Hamas, plus de 14.000 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre, parmi lesquelles plus de 5.800 enfants.

Salma Qassem, âgée de 55 ans et déplacée de Beit Hanoun, souhaite aussi retourner chez elle, dans le nord du petit territoire.

"Ce qui m'importe, c'est quand nous pourrons revenir chez nous", souffle-t-elle, avant d'ajouter: "Même si nous y retournons, où irons-nous et où vivrons-nous? Ils ont détruit nos maisons".

"Nos enfants sont malades à cause du froid, du manque de nourriture et d'eau, sans médicaments. Les maladies se propagent en raison des tas de déchets et du manque d'eau propre", déplore cette déplacée.

Le Qatar, un des médiateurs de l'accord, a annoncé tôt le matin qu'une "pause humanitaire" serait annoncée "dans les prochaines 24 heures" et durerait "quatre jours, avec possibilité de prolongation".

La pause humanitaire permettra en outre l'entrée d'un "plus grand nombre de convois humanitaires et d'aide d'urgence, y compris du carburant", a indiqué le Qatar.

Israël a annoncé qu'il reprendrait les combats après la fin de la trêve.

Malgré le caractère temporaire de celle-ci et les craintes d'une aggravation de la crise humanitaire, certains gardent espoir, comme Halas, 44 ans: C'est "une bonne nouvelle, son acceptation par Israël est une victoire pour notre peuple".

Selon lui, la trêve "sera prolongée car Israël a répondu aux conditions de la résistance (...) Ils accepteront notre retour à Gaza, et nous reconstruirons nos maisons comme nous l'avons fait lors des guerres précédentes".

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