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Après l'isolement des années Bolsonaro, le président brésilien Lula da Silva a entamé samedi une visite au Portugal pour renouer avec l'ancienne puissance coloniale mais les deux pays lusophones ont confirmé leurs divergences sur la guerre en Ukraine.
En dépit de la controverse provoquée par ses récentes critiques aux Occidentaux, le dirigeant brésilien de 77 ans a réaffirmé à Lisbonne son refus de "participer" au conflit et sa volonté de contribuer à une "solution négociée" entre Kiev et Moscou.
"En même temps que mon gouvernement condamne la violation de l'intégralité territoriale de l'Ukraine, nous défendons une solution politique négociée pour le conflit", a-t-il déclaré devant la presse à l'issue d'une rencontre avec son homologue portugais, Marcelo Rebelo de Sousa.
"Nous avons urgemment besoin d'un groupe de pays qui s'assoient à table aussi bien avec l'Ukraine qu'avec la Russie", a-t-il précisé.
"Le président Lula estime que le chemin vers une paix juste et durable suppose une priorité à cette voie de la négociation. La position portugaise est différente : elle entend qu'un éventuel chemin vers la paix suppose au préalable le droit pour l'Ukraine de pouvoir réagir à l'invasion", a réagi M. Rebelo de Sousa.
- "Propagande russe et chinoise" -
Lula, qui a déjà gouverné le Brésil de 2003 à 2010, souhaite remettre son pays au centre de la géopolitique mondiale et tente de jouer les équilibristes depuis le début de son mandat.
Il a voyagé dès février à Washington pour une rencontre à la Maison Blanche avec son homologue américain Joe Biden et s'est rendu récemment en Chine, premier partenaire commercial du Brésil.
Mais l'ancien ouvrier métallurgiste a suscité une vive polémique en affirmant à Pékin que les Etats-Unis devaient cesser "d'encourager la guerre" en Ukraine et que l'Union européenne devait "commencer à parler de paix".
Des propos durement critiqués par Washington qui l'a accusé de "faire l'écho de la propagande russe et chinoise".
Le dirigeant brésilien a également réaffirmé que les responsabilités de la guerre déclenchée par l'invasion russe en Ukraine en février 2022 étaient partagées entre les deux pays.
Reçu par Lula à Brasilia, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a "remercié" le Brésil pour sa "contribution" dans la recherche d'une solution au conflit et pour "son excellente compréhension de la genèse de cette situation".
Invité à Kiev pour qu'il "comprenne les causes réelles et l'essence" de la guerre, le chef d'Etat brésilien a annoncé depuis Lisbonne qu'il y enverra son principal conseiller en politique étrangère, Celso Amorim, pour une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
- Hommage à Chico Buarque -
Pour son premier voyage en Europe depuis son retour au pouvoir en janvier, l'icône de la gauche latino-américaine a choisi de faire une visite d'Etat au Portugal, ex-colonisateur dont le Brésil s'est séparé en 1822.
"C'est une visite spéciale qui va marquer la relance de notre dialogue bilatéral", s'est félicité Lula avant de rencontrer le Premier ministre socialiste Antonio Costa pour un sommet luso-brésilien.
"Après sept ans d'interruption, nous reprenons les sommets annuels", a assuré le chef du gouvernement portugais après la signature d'une douzaine d'accords bilatéraux, notamment dans les domaines de l'énergie, des sciences, de l'éducation et du tourisme.
Lundi, après une réunion avec des entrepreneurs près de Porto (nord), Lula prendra part à la remise de la plus haute distinction de la littérature lusophone, le Prix Camoens, au célèbre chanteur et auteur brésilien Chico Buarque.
Ce dernier, connu pour son engagement à gauche et contre la dictature militaire brésilienne (1964-1985), avait été annoncé comme lauréat en 2019, mais l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro avait refusé de signer les documents nécessaires pour que la récompense lui soit officiellement remise.
Avant de se rendre en Espagne pour une visite de deux jours, Lula prononcera mardi un discours au Parlement portugais lors d'une séance précédant les commémorations du 49e anniversaire de la Révolution des Œillets, qui a mis fin à 48 ans de dictature au Portugal.