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En dépit d'une croissance atone, le chômage a encore reculé en France en fin d'année dernière avec 114.000 inscrits à Pôle emploi sans activité au quatrième trimestre, qui a clôturé une bonne année 2022 pour l'emploi.
Selon les chiffres publiés mercredi par le ministère du Travail, le nombre de chômeurs (catégorie A, sans activité) a baissé de 3,6% en France (hors Mayotte), à 3,050 millions, après une quasi stabilité au troisième trimestre.
Venant après une année 2021 exceptionnelle (-480.000 chômeurs), 2022 restera un très bon millésime avec 312.000 chômeurs en moins, soit une diminution de 9,3%.
Le nombre de demandeurs d'emploi retrouve ainsi son plus faible niveau depuis le troisième trimestre 2011.
Cette évolution confirme celle de bons indicateurs publiés en début de semaine. L'Urssaf a fait état d'un record de cinq millions d'embauches en CDI signées l'année dernière.
"Le plein emploi, c'est aussi le bon emploi. Nous poursuivons notre mobilisation", s'est félicité sur Twitter le ministre du Travail Olivier Dussopt.
Selon l'Insee, le climat de l'emploi vu par les chefs d'entreprises continue aussi de s'améliorer, se situant bien au-dessus de la moyenne de longue période.
"On reste surpris par le fort dynamisme du marché du travail. Ce n'est toujours pas l'inversion de la courbe du chômage (à la hausse, ndlr) qu'on attend du fait du contexte macroéconomique" dégradé, s'étonne Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).
Après une croissance du PIB de 0,2% au troisième trimestre, l'Insee s'attend à un ralentissement de 0,2% de l'activité économique au quatrième trimestre puis à une quasi- stagnation de 0,1% au premier trimestre 2023.
"Les entreprises continuent de recruter malgré un horizon compliqué alors que dans nos modèles, quand on a une croissance qui flirte avec zéro, on détruit des emplois", souligne-t-il.
- moins de seniors chômeurs -
En incluant l'activité réduite (catégories B et C de Pôle emploi), le nombre de demandeurs d'emploi n'a cependant baissé que de 0,8% (-5,1% sur un an) ce trimestre à 5,394 millions.
Cet effet marqué ce trimestre de "vases communicants" entre les catégories A d'un côté et B et de C de l'autre s'explique en partie, selon Pôle emploi, par une amélioration de la procédure d'actualisation en fin de mois intervenue au cours de 2022.
Cette évolution technique "conduirait à une diminution cumulée de 105.000 demandeurs d'emploi en catégorie A entre janvier et novembre 2022, en augmentant le nombre de demandeurs d'emploi en catégories B et C de 90.000 et les sorties de 15.000", selon l'établissement public.
Ce bémol n'empêche pas le gouvernement de mettre en avant d'autres signes positifs sur le marché du travail comme la réduction du nombre de chômeurs de moins de 25 ans (-9,8% sur un an) et de plus de 50 ans (-8,9% sur un an) alors que l'emploi des seniors est un des enjeux de la réforme des retraites.
Sur le front du chômage de longue durée, le nombre de demandeurs d'emploi inscrits depuis un an ou plus diminue de 13,5% sur un an mais reste élevé à près de 2,3 millions (catégories A, B et C). Ils représentent encore 45,2% (-4,3 points sur un an) du total des demandeurs d'emploi.
Pour accélérer cette baisse du chômage et atteindre son objectif de plein emploi - un taux de chômage autour de 5% au lieu 7,3% actuellement - le gouvernement mise notamment sur sa réforme de l'assurance chômage qui entre en vigueur le 1er février.
Celle-ci prévoit une baisse de 25% de la durée d'indemnisation pour tous les demandeurs d'emploi qui ouvrent des droits.
Un chômeur qui aurait eu droit par exemple à 12 mois d'indemnisation dans le système actuel n'aura plus droit qu'à neuf mois. Les seniors passent d'un maximum de 36 mois à 27.
Un plancher de six mois sera préservé. Les premiers impacts sont donc attendus à partir du 1er août.