Partager:
Les fidèles ont accompli mercredi près de La Mecque le rituel de la lapidation de Satan, l'un des derniers du grand pèlerinage annuel qui a réuni plus de 1,8 million de musulmans, sous une chaleur écrasante.
Ce rituel s'est déroulé au premier jour de l'Aïd al-Adha, fête majeure de l'islam.
Toute la journée, les pèlerins se sont relayés sur le site de la lapidation à Mina, une vallée aride située à quelques kilomètres de La Mecque, dans l'ouest de l'Arabie saoudite, pour jeter des cailloux sur une grande stèle symbolisant le diable.
Des personnes âgées se sont reposées à l'ombre de camions stationnés aux abords du lieu, alors que la température atteignait les 47 degrés Celsius.
"Je ne pense pas à la chaleur", affirme Shahinaz Moustapha, une enseignante égyptienne de 57 ans. "Plus il fait chaud, plus mes actions ont de la valeur", ajoute-t-elle.
Le rituel de la lapidation a viré plusieurs fois au drame, notamment en 2015 lorsqu'une bousculade gigantesque a fait 2.300 morts, la pire tragédie de l'histoire du grand pèlerinage, le hajj.
Depuis, le lieu a été aménagé avec des couloirs en béton et des ponts pour assurer la fluidité des mouvements de foules, et aucun incident n'a été signalé cette année.
- Aïd -
Les autorités ont affirmé mercredi avoir "renforcé les inspections à Mina pour garantir la sécurité des pèlerins".
Après avoir jeté les cailloux, les fidèles retournent à La Mecque, la ville la plus sacrée de l'islam, pour un dernier tour de la Kaaba -- structure cubique noire au cœur de la Grande Mosquée vers laquelle les musulmans du monde entier se tournent pour prier -- marquant la fin du grand pèlerinage.
Les musulmans sunnites célèbrent mercredi l'Aïd al-Adha, en souvenir du sacrifice qu'avait failli accomplir Abraham en voulant immoler son fils, avant que l'ange Gabriel ne lui propose in extremis de tuer un mouton à sa place, selon la tradition.
A cette occasion, les pratiquants égorgent une bête, en général un mouton, et offrent une partie de la viande aux nécessiteux.
Le roi Salmane d'Arabie saoudite, gardien de deux des trois lieux les plus saints de l'islam, a pris en charge les dépenses pour la fête du sacrifice de 4.951 pèlerins dans le besoin venus de 92 pays, a indiqué la chaîne publique saoudienne Al-Ekhbariya.
Le roi a par ailleurs adressé ses vœux aux fidèles à La Mecque, priant Dieu d'apporter "bien-être et prospérité à notre pays, aux musulmans et au monde".
Le grand pèlerinage, qui consiste en une série de rites codifiés se déroulant sur plusieurs jours à La Mecque et dans ses environs, est l'un des cinq piliers de l'islam. Il doit être entrepris par tout musulman au moins une fois dans sa vie s'il en a les moyens. Avec un coût estimé d'environ 5.000 dollars par personne, certains économisent durant des années pour l'accomplir.
- "Epuisé" -
Selon les autorités saoudiennes, le grand pèlerinage a réuni plus de 1,8 million de musulmans cette année, loin des 2,5 millions de visiteurs accueillis en 2019 avant la pandémie, malgré la levée des limitations sur le nombre ou l'âge imposées durant les trois dernières saisons.
Les dates du grand pèlerinage étant déterminées selon le calendrier lunaire, les fidèles ont dû affronter le pic des températures estivales dans l'une des régions les plus chaudes du monde.
Faute de pouvoir porter un chapeau, interdit pour les hommes durant le pèlerinage, de nombreux fidèles se sont procurés des ombrelles, s'aspergeant régulièrement le visage d'eau.
Au moins 287 personnes ont été soignées pour des coups de chaleur ou des insolations, selon les autorités.
"Je suis très heureux, mais je suis épuisé", affirme Sobhi Said, un employé égyptien de 56 ans après avoir prié mardi sur le mont Arafat, autre étape cruciale, sous un soleil de plomb.
Farah, une Tunisienne de 26 ans, affirme qu'elle n'envisagera plus "de faire le hajj avant qu'il ne tombe en hiver".
"J'ai réalisé le rêve de ma vie, mais mon corps est en train de fondre", dit-elle en se versant de l'eau sur sa tête.