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Le PIB du Japon a timidement rebondi au quatrième trimestre, soutenu par la consommation des ménages et le retour des touristes étrangers dans le pays, mais la route de la croissance nippone en 2023 s'annonce cahoteuse.
L'économie japonaise a progressé de 0,2% entre octobre et décembre sur un trimestre, selon des chiffres préliminaires publiés mardi.
C'est un peu moins que le rebond auquel s'attendait le consensus d'économistes de l'agence Bloomberg (+0,5%), après un léger recul de 0,3% en juillet-septembre, en données réelles et ajustées des variations saisonnières.
La consommation des ménages a progressé de 0,5% au quatrième trimestre, alors que les dépenses pour les services ont été stimulées par des subventions publiques encourageant le tourisme intérieur.
Les visiteurs étrangers ont par ailleurs commencé à revenir en masse au Japon après la levée totale des restrictions à l'entrée du pays en octobre.
La contribution au PIB du commerce extérieur a aussi été positive contrairement au trimestre précédent, grâce à une amélioration des exportations et une baisse du poids des importations sur fond d'une remontée du yen et du reflux des prix mondiaux des hydrocarbures.
La production industrielle du pays a par ailleurs légèrement progressé (+0,3%) en décembre selon des chiffres révisés publiés mardi par le ministère de l'Economie et de l'Industrie japonais, au lieu d'un mini-recul lors de la première estimation.
Sur l'ensemble de l'année 2022, le PIB nippon a augmenté de 1,1%, marquant ainsi une deuxième année de croissance consécutive après le plongeon provoqué en 2020 par la pandémie.
- "Chemin semé d'embûches" -
"Après la contraction surprise du troisième trimestre, le faible rebond du quatrième souligne que la reprise (économique) tardive au Japon reste fragile et sujette à des revers", a commenté l'économiste Stefan Angrick dans une note de Moody's Analytics.
Car les incertitudes sont fortes quant à l'évolution du PIB nippon en ce début d'année, sur fond du ralentissement de l'économie mondiale qui devrait peser sur les exportations du pays, et d'une inflation actuellement élevée, ayant atteint 4% en décembre.
Ce record national depuis 41 ans, et bien supérieur à l'objectif de 2% fixé par la Banque du Japon (BoJ), n'a cependant pas convaincu l'institution de modifier sa politique monétaire ultra-accommodante qu'elle poursuit depuis 10 ans.
La BoJ continue à estimer que cette forte poussée des prix est passagère, car essentiellement stimulée par des facteurs externes comme la flambée des prix de l'énergie, et non entretenue par des hausses de salaires et une croissance suffisantes.
Le gouvernement japonais a désigné mardi le professeur d'économie Kazuo Ueda pour succéder en avril à l'actuel gouverneur de la BoJ, Haruhiko Kuroda.
La mission de M. Ueda s'annonce périlleuse, alors que la politique de la BoJ semble de plus en plus intenable dans le contexte mondial d'inflation élevée et de hausses de taux, sans qu'il paraisse aisé d'en sortir sans dommages pour l'économie nippone.
A cause de la croissance plus faible que prévu au troisième trimestre, "le nouveau gouverneur aura du mal à lancer rapidement une quelconque normalisation" monétaire, a souligné l'économiste Min Joo Kang dans une note d'ING publiée mardi.
"Le chemin du Japon vers la reprise restera semé d'embûches", a jugé M. Angrick, qui table sur une croissance modérée en 2023 sur fond d'amélioration de la demande intérieure, soutenue par la fin des restrictions anti-Covid, le recul de l'inflation et la reprise du tourisme mondial.
L'économie japonaise devrait aussi profiter cette année de la réouverture de la Chine et de nouvelles mesures de soutien du gouvernement récemment entrées en vigueur, selon les économistes.
Fin janvier, le Fonds monétaire international (FMI) a ainsi révisé en hausse sa prévision de croissance pour le Japon en 2023, à 1,8% contre 1,6% trois mois auparavant.