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Majed n'avait que 40 jours lorsqu'il a été tué dans la nuit de dimanche à lundi à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, lors de l'opération israélienne accompagnée de bombardements meurtriers dans laquelle deux otages du Hamas ont été libérés.
"Nous avons entendu un bombardement, sans avertissement", raconte Saïd al-Hams, 26 ans, l'oncle de Majed, qui vit dans le camp de réfugiés de Rafah. Le bébé, "né il y a exactement 40 jours" et qui a "un jumeau", a été tué et leur mère blessée, dit-il.
Israël a libéré tôt lundi deux otages détenus à Rafah, ultime cible affichée de son offensive dans la bande de Gaza.
Une centaine de personnes, selon le ministère de la Santé du Hamas, ont été tuées dans des frappes sur la ville, où s'entassent environ 1,4 million de Palestiniens, selon l'ONU, piégés entre l'avancée israélienne et la frontière fermée avec l'Egypte.
Des survivants ont raconté à l'AFP une nuit d'angoisse.
Lorsque les bombardements ont commencé, "c'est comme si l'enfer nous était tombé dessus (...) On dormait dans nos maisons, on n'était au courant de rien", se souvient Abou Souhhaïb, qui se trouvait à quelques dizaines de mètres du bâtiment d'où les forces israéliennes ont extrait les deux otages, enlevés en Israël le 7 octobre.
Il dit avoir entendu des tirs d'avions de combat, des coups de feu et l'atterrissage d'un hélicoptère, puis "une très grande bataille".
- "Ils ont tué beaucoup de gens" -
Lundi matin, un énorme tas de décombres - les restes de plusieurs bâtiments rasés par les frappes israéliennes - gisait à côté des débris de la maison de quatre étages où se trouvaient les otages, et qui appartenait à des Palestiniens ayant fui il y a deux mois, d'après des témoins.
Les bombardements ont également laissé cinq vastes cratères d'au moins dix mètres de large et cinq mètres de profondeur, selon un journaliste de l'AFP.
"Je ne saurais pas vous dire comment nous avons pu survivre cette nuit", a confié Abou Abdoullah al-Qadi. Les Israéliens "ont tué mon cousin, ils ont tué beaucoup de gens avec leurs bombardements", a-t-il dit à l'AFP, alors que des dizaines de personnes étaient rassemblées autour des habitations effondrées.
"Ils ont pris d'assaut ce bâtiment", ont "libéré des otages", puis "l'ont bombardé", ainsi que toutes les maisons autour, a-t-il ajouté.
Le camp de réfugiés de Rafah se trouve au coeur de la ville, où des centaines de milliers de Gazaouis se sont massés après avoir suivi les ordres donnés par l'armée d'évacuer les régions situées plus au nord.
- "Nuit terrifiante" -
La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.
Environ 250 personnes ont été enlevées. Après la libération lundi de deux Israélo-Argentins, 130 otages sont toujours détenus à Gaza, dont 29 seraient morts, selon Israël.
Israël a en représailles lancé une offensive dans la bande de Gaza qui y a fait plus de 28.300 morts, en grande majorité des femmes, enfants et adolescents, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.
Malgré l'inquiétude croissante de la communauté internationale, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré lundi que "seule la poursuite de la pression militaire" jusqu'à la "victoire" permettrait de libérer "tous les otages" retenus à Gaza.
Lundi à Rafah, des dizaines de familles, angoissées, ont commencé à emballer leurs maigres biens.
"La nuit a été terrifiante", souligne Alaa Mohammed, 42 ans et originaire du nord de la bande de Gaza, en démontant sa tente et en rassemblant couvertures et matelas.
"Ce qui s'est passé cette nuit laisse présager que quelque chose de grave va arriver à Rafah. Il semble bien que l'armée israélienne va y entrer comme elle l'a annoncé", dit-il.
La famille d'Alaa Mohammed prévoit de se replier dans la région de Deir el-Balah, dans le centre de Gaza, où les troupes israéliennes sont déjà passées. Après une nuit blanche, ses proches sont partis en quête d'un moyen de transport.
"J'espère que nous pourrons trouver une voiture ou un camion. Nous avons appelé plusieurs chauffeurs que nous connaissons, mais ils sont tous pris".