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A l'hôpital des nounours, même pas peur des blouses blanches

Soigner son doudou chez des "nounoursologues" pour ne pas craindre les blouses blanches: à l'hôpital des nounours, des enfants d'école maternelle découvrent une médecine rassurante auprès d'étudiants de Strasbourg.

A la faculté de médecine, une trentaine d'enfants de grande section de l'école maternelle Schongauer patientent, un doudou à la main. Pattes cassées, maux de tête, de ventre, coupures... La liste de leurs soucis est longue.

"Je suis Lola et je suis nounoursologue. Pourquoi ton nounours vient voir le médecin aujourd'hui?", interroge une étudiante.

"Il a mal ici", répond Youssouf, 5 ans, en montrant la patte de sa vache en peluche baptisée "Boug". Consciencieux, le petit garçon a amené le carnet de santé de l'animal, qui y apparait dessiné, avec son âge (4 ans) et sa taille (25 centimètres).

Entorse ou patte cassée? Pour vérifier, direction l'IRM. Sur une image en noir et blanc la fracture est visible; un passage par le bloc opératoire s'impose.

"On va lui mettre un masque pour l'endormir, comme ça il ne sentira rien. Tu le fais?"

En blouse chirurgicale, Youssouf endort son doudou avant de lui bander la patte. Mais le parcours du jouet n'est pas terminé: place aux vaccins et à la prise de sang.

"J'ai déjà fait une prise de sang moi et j'étais courageux", se vante le petit garçon. En reproduisant ce geste sur sa peluche, il constate que tout se passe bien, et c'est bien tout l'enjeu de l'opération.

- "Pas d'appréhension" -

"Souvent quand les enfants arrivent à l'hôpital ils sont un peu déroutés. Notre but c'est de leur montrer comment ça se passe et qu'ils n'aient pas d'appréhension quand ils verront des blouses blanches pour la première fois", explique Lola Ruff, étudiante en troisième année de médecine.

"S'ils peuvent avoir une bonne première impression c'est très important pour nous", ajoute-t-elle.

Une quarantaine d'étudiants en médecine, pharmacie, dentaire, ostéopathie ou encore élèves infirmiers consacrent quatre matinées à l'accueil des petits. Ils expliquent leur spécialité aux enfants et leur dispensent quelques leçons d'anatomie, en se servant par exemple d'un ours géant éventré d'où s'échappe un long boudin.

"Wahou c'est un serpent?" demande Youssouf. "Non c'est l'intestin", corrige Elsa, étudiante en médecine.

Cette incursion dans l'univers de la médecine est aussi l'occasion de revoir certains gestes comme le lavage des mains et le brossage des dents.

Pour Roselyne Saettler, enseignante en grande section à l'école Schongauer, située en quartier prioritaire de la politique de la ville, ce sont des rappels bien utiles: "les enfants manquent de règles d'hygiène", constate-t-elle.

Avant de venir avec sa classe, elle a demandé à chacun de choisir une peluche et d'imaginer ses symptômes car "endosser le rôle de parent pour eux c'est plus rassurant, ça permet de se détacher de la situation".

Revivre des situations vécues délie souvent les langues, comme pour Safiya, 5 ans, qui se souvient d'avoir eu un vaccin: "ça faisait un peu peur mais ça ne faisait pas mal".

Pour les étudiants, la matinée fait aussi office d'entraînement, souligne Lola Ruff. "L'enfant c'est un patient qui est vraiment différent, puisque on ne va pas pouvoir lui parler comme à un adulte, on va devoir utiliser un autre vocabulaire".

Et face à des enfants parfois silencieux, "c'est un bon challenge" d'arriver à les faire s'exprimer, poursuit-elle. "Certains enfants, quand ils nous voient arriver, ça peut leur faire peur et au fur et à mesure on voit qu'ils se dérident, qu'ils se sentent mieux et là, c'est gagné pour nous".

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