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Le Mexique a vécu dimanche un premier tour de chauffe électoral avec une manifestation pour la défense de la "démocratie", le jour où la candidate du pouvoir à la prochaine présidentielle, dont elle est la grande favorite, Claudia Sheinbaum, a officialisé sa candidature.
A 12 jours de l'ouverture officielle de la campagne pour le scrutin du 2 juin, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées à Mexico sur Zocalo, la plus grande place d'Amérique latine, pour dénoncer le récent projet de révision constitutionnelle du président Andres Manuel Lopez Obrador.
"On ne touche pas à la démocratie !", a prévenu l'orateur du jour, l'ancien président de l'Institut national électoral (INE) Lorenzo Cordova, sous les fenêtres du Palais national, le siège de la présidence.
Il a notamment dénoncé le projet de faire élire au suffrage populaire les membres du pouvoir judiciaire : "On cherche à ce que les élections soient organisées et que la justice soit rendue par des fonctionnaires et des juges élus avec l'appui du parti majoritaire".
"Nous devons voter massivement aux élections", a-t-il ajouté au cours de ce rassemblement.
"Notre peur est que l'autoritarisme grandisse, que les gens n'aient plus d'options pour décider librement, que notre vote ne soit pas respecté", a déclaré à l'AFP une manifestante, Gabriela Osuna Lever, 61 ans, qui mentionne également le danger des "organisations criminelles".
Le très populaire président Lopez Obrador avait déjà qualifié vendredi ce rassemblement de "manifestation pour défendre la corruption". Le chef de l'Etat attaque régulièrement les corps constitués comme l'INE et la Cour suprême.
- "Pour la première fois, une femme présidente" -
Ce même dimanche, celle qui est la mieux placée d'après les sondages pour remporter l'élection présidentielle, la candidate du pouvoir de gauche Claudia Sheinbaum, a officiellement enregistré sa candidature devant l'INE.
"Pour la première fois dans l'histoire, après 200 ans, une femme progressiste arrivera à la présidence de la République", a-t-elle lancé en sortant de l'INE devant ses partisans qui scandaient "présidente ! Présidente !".
"C'est le symbole que nous sommes en train de laisser derrière nous le Mexique machiste", a ajouté la petite-fille de migrants juifs de Bulgarie et de Lituanie. "Une femme des plateaux du Chiapas (dans le sud, ndlr) m'a dit : +tu es le rêve non-abouti de nos grand-mères+. Cela me remplit de responsabilité et d'un énorme orgueil".
Sur le ton neutre et sérieux qui la caractérise, la scientifique de formation a exposé son programme en 15 points.
Elle a promis un "gouvernement austère qui maintiendra la discipline financière et fiscale" de son mentor Andres Manuel Lopez Obrador.
Comme en écho aux manifestants du Zocalo, elle s'est engagée à garantir les libertés.
Sur le thème épineux de la sécurité, l'ex-maire de Mexico, qui se félicite d'avoir réduit le nombre des homicides dans la capitale, a promis de consolider la Garde nationale, la coordination avec le parquet et de maintenir les réunions quotidiennes du cabinet de sécurité.
Elle a salué les points saillants du bilan du président sortant, comme l'augmentation du salaire minimum sans impact sur l'inflation, "la force du peso" qui s'est fortement apprécié par rapport au dollar et la "réduction de la pauvreté et des inégalités".
Portée par la popularité du président, Mme Sheinbaum devance largement dans les sondages la candidate d'une coalition de trois partis d'opposition Xochitl Galve (64% contre 31%).
Les deux femmes, en compétition pour devenir la toute première présidente dans l'histoire du Mexique, ont tour à tour rencontré le pape François à Rome la semaine dernière.
Un troisième candidat, Jorge Álvarez Máynez, du parti Mouvement citoyen (centre gauche), plafonne à 5%.